La députée Al Massar Karima Souid était très en colère ce matin à la séance plénière de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) réservé, selon l’ordre du jour, à l’examen du projet de loi organique sur la justice transitionnelle. Or, cet ordre du jour a été modifié avec l’inscription de l’examen d’un projet de loi concernant l’approbation d’un accord de prêt entre le gouvernement et le Fonds koweïtien pour le Développement économique arabe !
La réaction de Karima Souid, assesseur du président de l’ANC chargée de l’information de la communication et des relations avec les médias, a été immédiate en décidant de protester contre le vote de ce projet de loi (N°42/2013) ajouté et de boycotter, en compagnie des députés de l’opposition, l’hémicycle jusqu’à l’examen effectif du projet de loi organique sur la justice transitionnelle.
Après leur sortie de l’hémicycle, la vice-présidente de l’ANC Mehrezia Laâbidi et le député nahdhaoui Badredine Abdelkefi, assesseur chargé des relations avec le citoyen, la société civile et les Tunisiens à l’étranger, expliquent qu’un rajout a été fait a l’ordre du jour, et ce, légalement. Badredine Abdelkefi va même plus loin en signalant l’absence de Karima Souid lors de la réunion au cours de laquelle a été décidé ce rajout.
Réplique cinglante de Karima Souid qui revient illico presto dans l’hémicycle pour se défendre. «Ce monsieur ment et j’en ai ras-le-bol des mensonges et des infractions», a déclaré la députée, contactée par Webdo. «J’ai quitté la plénière car j’en ai assez des infractions ! Je suis revenue ensuite pour faire un scandale à Badredine Abdelkefi qui a profité de ma sortie pour mentir et affirmer que j étais absente à la dernière réunion du bureau. Mais j’étais bien présente lundi dernier à 15H30 et j ai même communiqué aux médias le programme de la plénière de ce vendredi qui porterait sur la justice transitionnelle et non sur des projets de loi législatifs insignifiants qu’on nous rajoute en toute illégalité !»
Suite à cette scène, Karima Souid affirme avoir demandé à Sahbi Atig, président du bloc d’Ennahdha, de «retenir» ses députés, annonçant par ailleurs que l’opposition ne réintègrera la plénière que lorsque le projet de loi sur la justice transitionnelle sera effectivement à l’ordre du jour. «Depuis notre entrée à l’ANC, nous attendons de traiter ce dossier et cela fait deux ans que la Tunisie attend ça, mais je le dis sincèrement, il y a des partis politiques qui font tout pour retarder le processus constituant en nous noyant sous des projets de loi législatifs insignifiants», a-t-elle déclaré.
«Le projet de loi autour de la justice transitionnelle est un projet extrêmement important pour la construction de ce pays et je ne suis pas là pour perdre mon temps, pour m’amuser ou pour briser les espoirs du peuple, tout comme je ne suis pas prête à me laisser faire, que ça déplaise ou non !»
Notons que le projet de loi qui a été ajouté porte sur un prêt koweïtien pour le financement d’un projet de développement du réseau de transport et de distribution de gaz naturel pour une enveloppe de 140 millions de dinars !