Les versions se multiplient : des dirigeants du mouvement Ennahdha aux proches du « militant » qui s’est immolé par le feu, les dessous de l’incendie survenue au siège du mouvement varient d’une partie à l’autre.
Le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, s’est directement « détaché » de la polémique estimant que le défunt Sami Essifi est « un martyr de la tyrannie et de la marginalisation » et « une victime de la campagne médiatique lancée contre les dirigeants et membres du parti ».
Une déclaration jugée « hypocrite » par plusieurs anciens membres du mouvement, dont son ami, Karim Abdessalem, un des instigateurs des attentats de Bab Souika en 1991.
L’ami du défunt qu’il déclare connaître depuis 37 ans, aujourd’hui expert en justice transitionnelle, a estimé que tout ce qui a été dit sur l’incident est « mensonger » et que la victime souffrait de négligence et de mauvais traitements de la part des dirigeants d’Ennahdha.
Il a ajouté que son ami n’avait rien à voir avec ce qu’on appelle « l’affaire Bab Souika », et qu’il avait purgé une peine de 16 ans de prison dans le cadre de l’incendie du lycée technique de Tunis. Selon ses dires, Essifi s’était impliqué dans cet acte criminel sur ordre de certains dirigeants du mouvement islamiste.
« Après avoir été licencié de son travail au sein d’une société de distribution de médicaments, il avait bénéficié d’une aide financière versée par le mouvement, avant que ce dernier ne la suspend », a déclaré Abdessalem, ajoutant que Sami Essifi avait par la suite été embauché en tant que réceptionniste, puis gardien assurant des tâches humiliantes, tels que le lavage de voitures, chose qu’il a refusée.
Il a ajouté que la victime avait par la suite revendiqué son droit à une vie décente et à bénéficier de sa part d’indemnisation. Une demande rejetée, ayant conduit à une grève de la faim. « Même quand il a voulu protester, ils l’ont chassé de manière abusive et violente », regrette-t-il sur Jawhara fm.