Au cours d’une réunion tenue hier au sein du parti Ennahdha, Hamadi Jebali, secrétaire général de cette formation, a prononcé quelques petites phrases dans lesquelles il esquissait le portrait qu’il souhaiterait voir au prochain président de la République.
Selon Jebali, ce futur président ne devrait en aucun cas être une personnalité partisane. En effet, l’ancien Premier ministre souligne qu’il est important que le futur président soit au-dessus des partis.
Jebali ajoute que le futur président et le futur chef du gouvernement ne devront en aucun cas entrer en conflit, car, toujours selon lui, le pouvoir sera bicéphale et une discorde entre ces deux responsables générera un blocage des institutions.
Sans entrer dans les extrapolations, il semble bien que pour Jebali, président et chef du gouvernement devront avoir des sensibilités proches ou bien prôner le consensus avant toute chose.
Les petites phrases de Hamadi Jebali peuvent sembler anodines. Toutefois, le fait qu’elles aient été prononcées en marge d’une réunion d’Ennahdha n’est probablement pas fortuit. D’autant plus au cours du meeting d’Ennahdha tenu hier, les militants de ce parti huaient les héritiers du RCD et exigeaient d’écarter des futures élections les symboles de l’ancien régime.
Prenant la parole au cours de ce meeting, Abdelfettah Mourou, vice-président d’Ennahdha, a lancé à la foule qu’il était hors de question pour le RCD de « revenir par la fenêtre ».
Que cache cette saillie de Hamadi Jebali ? Qu’entend-il par « personnalité non partisane » ? S’exclurait-il lui-même ou s’apprête-t-il à quitter son parti pour la forme ?
Autre point révélateur : la multiplication de ce genre de remarques souligne que la prochaine constitution devrait opter pour un régime mixte, à cheval entre le parlementaire et le présidentiel, tout en prévoyant l’élection au suffrage universel du président de la République.
En pole position pour une éventuelle présidentielle, Hamadi Jebali et Beji Caïd Essebsi sont au coude à coude. Toutefois, des hypothèques pèsent sur chacune de ces deux candidatures tandis que de nombreux outsiders se bousculent au portillon dont Moncef Marzouki et Nejib Chebbi qui n’ont pas d’activités partisanes à proprement parler, sont peu ou prou proches d’Ennahdha.
La campagne présidentielle semble avoir déjà commencé même si ni la constitution ni l’instance des élections ne sont prêtes.