Le coup d’envoi du dialogue national ne manque pas d’ambigüité malgré sa signature par la majorité des partis politiques alors que l’un des composantes de la Troïka, le Congrès Pour la République (CPR), a refusé de le faire.
Il faut dire que ce dialogue, alors que son début était solennellement annoncé, a failli capoter en raison du refus des Islamistes de signer le document qui stipule notamment l’obligation du gouvernement de démissionner dans un délai de trois mois. Il a fallu se remettre aux discussions de dernière minute et le quartet dû renoncer à la mention « obligatoire » se rapportant à la démission du gouvernement qui devait quitter ses fonctions dans un délai de trois semaines.
Il faut dire que le chef du gouvernement, Ali Laarayedh, n’a pas indiqué dans son discours aucunement sa volonté de démissionner déclarant au contraire que son équipe allait poursuivre sa mission.
Un véritable dialogue de sourds malgré les restrictions et la feuille de route imposées à l’Assemblée Nationale Constituante qui doit, en revanche, achever son œuvre dans un délai de quatre semaines scindé en quatre étapes distinctes :
– Une semaine au plus pour choisir les membres de l’ISIE,
– Deux semaines au plus pour préparer et adopter la loi électorale
– Trois semaines au plus pour déterminer les dates des prochaines élections
– Quatre semaines au plus pour l’adoption de la constitution.
En même temps, le dialogue national débutera pour choisir le prochain chef du gouvernement qui doit être une personnalité indépendante au plus tard dans une semaine qui aura à sa disposition deux semaines pour former son gouvernement avant d ‘être par la suite avalisé par l’ANC.
Par ailleurs, ce gouvernement bénéficierait de toutes les attributions pour conduire les affaires de l’Etat. Autrement dit, il devrait avoir les compétences qui sont prévues dans la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics. La confiance en ce gouvernement ne pourrait être remise en cause que par une motion de censure signée par la moitié des députés de l’ANC et ne peut être poussé à la démission que suite à une majorité des deux tiers des députés.
Grosso modo, on peut croire que le changement du gouvernement deviendrait effectif dans un délai de quatre semaines c’est-à-dire après l’adoption de la constitution.
Or, rien ne dit que ces délais fixes seront respectés surtout si on se base sur le déroulement des travaux de l’ANC qui se sont étirés en longueur depuis son investiture. Rien aussi ne garantit un comportement politiquement correct de tous les acteurs politiques, et notamment les Islamistes d’Ennahdha et de ses alliés de la troïka qui n’ont fait jusqu’ici que retarder au maximum les échéances notamment celle se rapportant au gouvernement. Car cet engagement formel peut toujours mis en échec.
Bref, on ne pense pas que l’on soit sorti de l’auberge, et toutes les craintes consistent aujourd’hui en un échec retentissant de ce dialogue qui risque d’avoir des conséquences incalculables…