Fayçal Bedhiafi, ancien directeur général de l’agence nationale de gestion des déchets, est sorti de son silence une semaine après son limogeage.
« J’avais découvert le dossier d’importation des déchets en provenance d’Italie par hasard, le 31 août », a-t-il déclaré hier, jeudi 19 novembre 2020 sur Attassia tv. « J’avais par la suite contacté la Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie relevant du ministère de l’Environnement et des Affaires locales le 3 septembre pour prendre les mesures nécessaires, mais je n’ai reçu aucune réponse ».
Face à cette situation, il avait ensuite directement contacté le ministre de l’Environnement, le 16 septembre 2020, au sujet du même dossier, mais que le département n’a pas répondu à sa correspondance.
Bedhiafi a souligné que l’importation des déchets fait directement partie des prérogatives du ministre de l’Environnement et des Affaires locales, soulignant que l’agence n’a absolument aucun lien avec ces opérations conformément au décret 2317 du 22 août 2020.
Le scandale avait été révélé par l’émission « Les 4 vérités ». Une société importait de grandes quantités de déchets domestiques en Tunisie, à partir de l’Italie à des fins non connues.
La société tunisienne recevrait 48 euros pour chaque tonne de déchets importée. 70 conteneurs de déchets en provenance d’Italie, transportant 120 tonnes de déchets, viennent d’arriver en Tunisie. Plus de 200 autres conteneurs sont encore en attente dans le port de Sousse.
Le président de la commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption, Badreddine Gammoudi, avait déclaré ne pas être convaincu par les explications du ministre des Affaires locales et de l’environnement dans cette affaire.
« Le ministre a tenté de présenter un bouc émissaire sans évoquer les soupçons au sein de son département », a-t-il déclaré à l’issue d’une séance d’audition tenue le 9 novembre 2020.
Gammoudi a confirmé la présence de dépassements dans les plus hautes structures du ministère de l’Environnement, soulignant que l’affaire est désormais un crime de corruption et non une suspicion.
Selon le député, des hauts fonctionnaires du ministère précité sont impliqués dans ce « crime à travers la fraude, la complicité et l’implication directe dans le processus ».
Le 3 novembre 2020, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur un marché conclu par une société tunisienne pour l’importation de déchets de l’Italie, sans divulguer le nom de la société.