Un courrier en date du 5 août 2005 révélé par le Tuniwiki, atteste une nouvelle fois des méthodes employées par le clan Ben Ali pour s’enrichir sur le dos des citoyens tunisiens, en toute impunité.
L’enquête suit la trace du courrier qui fait mention d’une demande de transfert d’argent suite à la cession des actions de la banque du Sud par la banque « Monte Dei Paschi Di Siena ».
L’existence de ce courrier signé par Taoufik Baccar en personne révèle plusieurs irrégularités qui cachent en réalité un détournement de fonds au profit de M. Sakher El Materi. Pour commencer, le courrier en question ne mentionne ni le nombre d’actions concernées, ni l’intermédiaire agréé seul habilité à finaliser l’opération.
Qu’à cela ne tienne. Une rapide vérification démontre que la participation de la banque italienne dans la banque du Sud avait atteint une valorisation de plus de 26 millions de dinars le 03 aout 2005, or deux jours plus tard, le produit de la cession mentionné dans la lettre est légèrement inférieur à 19 Millions de dinars. Comment en deux jours, ce montant peut-il avoir baissé de 7 millions de dinars ?
L’enquête menée par TuniWiki montre comment une opération de recapitalisation a pu tourner à l’avantage d’un investisseur privé qui en l’espèce n’est autre que Sakher el Materi, genre de l’ancien président.
La mécanique bien huilée est la suivante : ce sont les sociétés de M. Materi qui rachètent à la banque italienne sa participation dans la banque du Sud. Elles le font pour un montant inférieur à celui du cours de l’action (5,6 DT au lieu de 7,81 DT). Il suffit de comparer le prix de la cession au cours de l’action le 03 aout 2005 pour s’en apercevoir. L’opération est financée par une banque amie : l’ATB. Première plus-value de Sakher el Materi: plus de 7 millions de dinars.
3 mois plus tard, ces mêmes actions sont revendues à Ettijari Bank qui devient ainsi majoritaire dans le capital de la banque du Sud en rachetant également les participations de l’Etat, participation qui elle-même a transité par les sociétés du gendre. Cette revente est réalisé à 9 DT, l’action, ce qui en moins de trois mois, permet aux sociétés de M. Materi de réaliser une seconde plus-value de plus de 30 millions de dinars, cette fois-ci.
La mécanique est aussi simple qu’imparable. Les amis de la famille bénéficient d’un tarif préférentiel sur les acquisitions de biens publics cédés par l’état à la demande de Ben Ali et de sa harpie. Ces mêmes biens sont ensuite revendus au prix fort sur le marché. L’opération de financement est financée par des banques amies qui ne bronchent pas. La plus-value est encaissée quelques mois plus tard et se chiffre en dizaine de millions de dinars. Le tour est joué en quelques coups de téléphones et de fax. Pas un centime n’est déboursé, pas un seul sous n’est investi dans l’économie tunisienne : du vol sec.
Combien de biens nationaux ont ainsi été spoliés ? Nul ne le sait. Les chiffres donnent le vertige et les criminels courent toujours avec notre argent plein les poches.