Le bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Tunisie, Boubaker Bethabet, a convoqué en urgence le Conseil de l’Ordre pour examiner les « entraves injustifiées » constatées dans le dossier du détenu Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim, et les atteintes présumées à ses droits de défense.
Des visites d’avocats bloquées à la prison de Belli
L’affaire a pris un nouveau tournant après la confĂ©rence de presse donnĂ©e mercredi par Me Dalila Ben Mbarek Msaddek, sĹ“ur et avocate du dĂ©tenu, qui a affirmĂ© avoir Ă©tĂ© empĂŞchĂ©e de rencontrer son client Ă la prison de Belli (gouvernorat de Nabeul), malgrĂ© une autorisation de visite encore valide, rapporte l’Agence TAP.
Une autre avocate, Me Lobna Mejri, a confirmé avoir subi le même refus, bien qu’elle disposait d’une autorisation délivrée le 6 novembre par le parquet général près la Cour d’appel de Tunis. L’administration pénitentiaire aurait exigé une nouvelle autorisation, en contradiction avec la validité du document initial.
Face à ces faits, le bâtonnier Bethabet a exigé des autorités judiciaires et pénitentiaires, notamment le parquet près la Cour d’appel de Tunis et la direction de la prison de Belli, d’identifier les responsables de ces violations et de « faire respecter la loi sans entraves administratives injustifiées ».
Il a rappelé que le droit pour un détenu de rencontrer son avocat « ne peut faire l’objet d’aucune restriction » en dehors des textes légaux, et que nul pouvoir exécutif ne peut s’y opposer.
Allégations de violences et plainte pour torture
Les tensions s’aggravent après la plainte déposée par le comité de défense de Jawhar Ben Mbarek pour « crime de torture ». Lors d’une conférence de presse tenue au siège du Parti Al Joumhouri, Me Hanen Khemiri a affirmé que la plainte nomme les auteurs présumés et s’appuie sur des traces visibles de violences sur le corps du détenu.
Selon les avocats, Jawhar Ben Mbarek aurait été traîné hors du champ des caméras de surveillance avant d’être roué de coups par six détenus de droit commun, sur ordre de quatre gardiens et de leur supérieur.
Enquêtes croisées et climat de tension
Parallèlement, une source judiciaire a confirmé à l’agence TAP que le parquet du tribunal de première instance de Tunis a ouvert une enquête visant trois avocats, à la suite de plaintes déposées par le comité général des prisons et de la rééducation. Ces plaintes portent sur la diffusion de rumeurs et de fausses informations concernant les conditions de détention et la santé des grévistes de la faim.
Ce bras de fer entre le corps des avocats et l’administration pénitentiaire s’inscrit dans un climat de forte crispation autour du sort de Jawhar Ben Mbarek, figure de l’opposition et détenu depuis plusieurs mois.
Lire aussi