Donald Trump a rouvert le front du protectionnisme. Samedi, il a signé une série de décrets instaurant des taxes douanières de 25% sur le Canada et le Mexique, et de 10% sur la Chine. L’exemption de minimis, qui permettait aux consommateurs américains de recevoir des colis détaxés jusqu’à 800 dollars, est également supprimée. Selon Bloomberg, 1300 milliards de dollars d’échanges sont affectés, un choc sans précédent.
Le Canada a immédiatement riposté, annonçant des surtaxes sur 155 milliards de dollars de biens américains, dont les voitures Tesla. L’Union européenne, elle, craint une contagion et s’inquiète des répercussions sur sa propre économie. Car cette guerre commerciale pourrait ralentir la croissance mondiale et peser sur la demande en biens manufacturés.
la Tunisie peut-elle transformer la menace en opportunité ?
Pour la Tunisie, fortement dépendante du marché européen, l’impact indirect pourrait être douloureux. Une baisse de la consommation en Europe réduirait la demande pour le textile et l’agroalimentaire tunisiens, tandis que la hausse des coûts des importations chinoises risquerait d’accentuer l’inflation locale.
Pourtant, cette crise pourrait aussi être une opportunité. Déjà pénalisés par la hausse des taxes américaines, de nombreux industriels chercheront des alternatives à la Chine et au Mexique. La Tunisie pourrait tirer parti de cette reconfiguration des chaînes d’approvisionnement, notamment dans le textile, l’électronique et l’assemblage industriel. Avec sa proximité de l’Europe et son accès privilégié au marché européen via l’accord d’association UE-Tunisie, elle a des atouts à faire valoir.
Les atouts à faire valoir de la Tunisie
D’autres pays ont su profiter de telles tensions commerciales par le passé. En 2018, lors de la guerre commerciale entre Trump et Pékin, le Vietnam avait capté une partie des investissements délocalisés de Chine, devenant un acteur clé de la production mondiale. En 2002, lorsque Washington avait imposé des droits de douane sur l’acier européen, la Turquie et l’Inde avaient augmenté leurs exportations vers des marchés délaissés.
Mais pour transformer l’essai, la Tunisie devra améliorer son climat des affaires et attirer les investisseurs cherchant des relais de production en dehors des zones frappées par les surtaxes américaines. L’État devra aussi activer sa diplomatie économique, notamment avec le Canada, qui pourrait diversifier ses fournisseurs face aux barrières érigées par son voisin américain.
La guerre commerciale relancée par Trump est une menace pour l’économie mondiale. Mais pour la Tunisie, elle pourrait aussi être une chance à condition de s’y préparer.