Forbidden Stories et Amnesty International viennent de publier une étude sur Pegasus, un malware d’espionnage créé par une entreprise israélienne, NSO Group et connu depuis 2016, révélant que des militants des droits humains, des journalistes et des opposants ont été espionnés grâce à Pegasus pour le compte d’une dizaine d’États.
Ce malware a la particularité de pouvoir offrir un accès complet à un smartphone, pour suivre la position de son propriétaire, accéder à l’intégralité du contenu stocké en local et même activer microphone et caméras.
Si NSO Group a régulièrement été accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, mais a toujours assuré que son logiciel servait uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes, Forbidden Stories et Amnesty International démontrent le contraire.
Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une liste, établie en 2016, de 50.000 numéros de téléphone que les clients de NSO Group avaient sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle.
Selon une enquête menée par 17 rédactions, cette liste inclut les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise, rapporte France 24.
Sur cette liste figure notamment le numéro d’un journaliste mexicain, Cecilio Pineda Birto, abattu dans l’État de Guerrero au Mexique, quelques semaines après son apparition sur ce document.
L’enquête publiée, dimanche hier, renforce ainsi les soupçons pesant de longue date sur cette société israélienne et révèle, au passage que Mediapart a été espionné en 2019-2020 par le Maroc grâce à Pegasus.
Le gouvernement marocain a aussitôt réagi, exprimant, ce lundi, son «grand étonnement» des révélations du projet Pegasus de Forbidden Stories et Amnesty International.
Dans un communiqué, le gouvernement affirme qu’il rejette et condamne catégoriquement ces «allégations mensongères dénuées de tout fondement, à l’instar de précédentes allégations semblables d’Amnesty international à ce sujet».
Les autorités marocaines vont plus loin en défiant ses « accusateurs » de «fournir des preuves réalistes et scientifiques qui peuvent faire l’objet d’une expertise et d’une contre-expertise professionnelles, impartiales et indépendantes sur la véracité de ces allégations».
Mais le Maroc est loin d’être un cas isolé : la Hongrie est aussi un client du NSO Group, le gouvernement de Viktor Orban l’a utilisé pour espionner des journalistes hostiles à sa politique, ainsi que leur conjoint. L’Arabie saoudite, le Mexique, l’Inde ou encore l’Azerbaïdjan sont également concernés…
Cette enquête, qui met à mal la communication de la société israélienne, s’ajoute à une étude, menée en 2020 par le Citizen Lab de l’Université de Toronto, qui avait confirmé la présence du logiciel Pegasus dans les téléphones de dizaines d’employés de la chaîne Al-Jazira au Qatar.