Le 21 novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et Mohammed Deif, dirigeant de la branche armée du Hamas.
Ces mandats visent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza, notamment l’utilisation de la faim comme arme de guerre. Cette décision a déclenché des réactions contrastées à travers le monde, mettant en lumière des divisions géopolitiques et juridiques profondes.
Soutiens et réticences en Occident
Parmi les pays signataires du Statut de Rome, plusieurs ont exprimé leur volonté de respecter ces mandats. L’Italie a affirmé qu’elle serait obligée, en vertu du droit international, d’arrêter Nétanyahou et Gallant si ces derniers se rendaient sur son territoire. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a également annoncé son soutien à la décision de la CPI, tout comme l’Union européenne, représentée par Josep Borrell, qui a appelé à l’application stricte des mandats.
D’autres pays européens, dont l’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas et la France, ont également affirmé qu’ils respecteraient les mandats d’arrêt. Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a précisé que bien qu’il jugeait « incorrect » de comparer les responsables israéliens au Hamas, l’Italie procéderait à leur arrestation si nécessaire. Le Premier ministre irlandais, Simon Harris, a salué la décision de la CPI comme une « étape extrêmement importante », et la Belgique a exprimé son soutien total à la Cour, insistant sur le fait que les responsables des crimes commis, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, devaient être poursuivis. De son côté, la France a souligné qu’elle agirait conformément aux statuts de la CPI, sans préciser les mesures concrètes qui seraient prises.
Résistance et défiance dans d’autres États
D’autres pays, cependant, ont exprimé une forte résistance à cette décision. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a qualifié les mandats d’« impudents » et a annoncé qu’il inviterait Nétanyahou à se rendre en Hongrie, défiant ainsi la décision de la CPI. L’Autriche, bien qu’elle ait qualifié les mandats de « ridicules », a reconnu qu’elle serait contrainte de les appliquer si Nétanyahou ou Gallant se rendaient sur son territoire.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a quant à elle précisé que l’Allemagne était en train d’examiner sa réponse, tout en réaffirmant son engagement envers le droit international et la CPI.
Alliés d’Israël : rejet catégorique
Les États-Unis, alliés de longue date d’Israël, ont fermement rejeté cette décision. Le président Joe Biden a rejeté toute équivalence entre Israël et le Hamas, qualifiant la décision de la CPI de « scandaleuse ». Donald Trump, candidat à la présidence, a promis de s’opposer activement à ces poursuites.
Réactions au Moyen-Orient : soutien et prudence
Au Moyen-Orient, les réactions sont partagées. Le Hamas a salué ces mandats comme une « victoire morale », tandis que l’Autorité palestinienne y voit un espoir de justice pour les victimes de Gaza. La Turquie a applaudi la CPI pour cette initiative, qualifiant l’action de courageuse face aux abus commis.
Cependant, certains pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont préféré éviter de commenter directement, se concentrant plutôt sur leurs relations diplomatiques avec Israël. L’Égypte a, quant à elle, appelé au calme, mettant en garde contre une escalade des tensions régionales.
Défis d’application
L’application de ces mandats reste incertaine. La CPI, qui ne dispose pas de force de police propre, dépend de la coopération des États membres. Des précédents, comme celui de la Mongolie qui a refusé d’arrêter Vladimir Poutine ou l’Afrique du Sud qui n’a pas exécuté le mandat contre Omar el-Béchir, montrent les limites de l’autorité de la Cour.
Conséquences politiques
Pour Nétanyahou, ces mandats compliquent ses déplacements dans les 124 pays signataires du Statut de Rome. Ils interviennent dans un contexte politique déjà tendu, où le Premier ministre fait face à des accusations de corruption. Il a dénoncé ces poursuites comme « antisémites », les qualifiant de tentative de délégitimation d’Israël.
Une fracture internationale
Cette décision met en lumière les fractures persistantes sur la question israélo-palestinienne et sur le rôle des juridictions internationales. Alors que les violences à Gaza continuent et que le bilan humain ne cesse d’augmenter, les appels à la justice se heurtent aux réalités diplomatiques complexes. La réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, qui se tiendra la semaine prochaine à Fiuggi, en Italie, pourrait marquer un tournant dans les relations internationales et le droit pénal global.