Pour la génération des sixties, l’Univers était un lieu incontournable où se retrouvaient les étudiants progressistes.
En ce temps, le campus universitaire se trouvait au centre-ville, entre l’avenue de France et la rue de Rome. Parmi les lieux de prédilection des étudiants de l’époque, l’Univers a occupé une position de premier plan.
Café-bar légendaire, l’Univers se trouve sur l’avenue Bourguiba, au centre-ville de Tunis. Le fondateur de ce café en 1948 porte le nom de Jacob Tartour mais tout le monde l’appelait Kaki.
Photo de Wassim Guiza
Kaki Tartour possédait des intérêts dans plusieurs cafés à La Goulette où il résidait et avait la fonction de directeur du marché.
Tous les matins, dès cinq heures, il était à pied d’œuvre pour collecter les impôts et taxes relatifs à la vie du marché et veiller à la réception des marchandises.
De plus, il était à la tête d’une entreprise de déménagements qui était surtout active au début de l’été puis de l’automne pour transporter les meubles des estivants.
Le soir venu, Kaki Tartour descendait à Tunis pour rejoindre l’Univers et faire les comptes avec Othman, le gérant du café. En ce temps, le barman s’occupait d’accueillir une clientèle plutôt progressiste en termes d’idées ainsi que le public du cinéma voisin Le Parnasse.
Au fil des ans et après le départ de Kaki en France en 1964, plusieurs responsables se succéderont au bar de l’Univers sous la supervision des sieurs Jamel et Ben Aziza, anciens associés de Tartour.
Photo de Manuela Maffioli
Depuis plus de soixante-dix ans, l’Univers brasse une clientèle considérable et fut pour un temps un bastion des artistes et des intellectuels de gauche.
De nos jours, comme plusieurs enseignes du centre-ville, les lieux se sont « tavernisés » et seule la terrasse se maintient.
À chacun sa mémoire de l’Univers ! Les uns se souviendront de Am Lahbib ou de Nino, serveurs à l’ancienne et emblématiques des années antérieures.
Tableau d’Ezzine Harbaoui
D’autres évoqueront le comptoir qui, avant de récents travaux, avait la forme d’une faucille. Enfin, d’autres raconteront les portillons en bois façon saloon qui menaient aux sanitaires, les canons de vin qui se buvaient au comptoir, les doseurs et les carafes pour le pastis et, en général, tout ce qui fait le charme d’un bistrot tunisois.
Jacob Kaki Tartour est décédé depuis quelques années et c’est une rencontre impromptue avec ses enfants qui m’a permis de glaner ces quelques pages de l’histoire de l’Univers.