L’histoire que je voudrais Ă©voquer commence lorsque des brutes inconscientes ont dĂ©stabilisĂ© une famille innocente. C’Ă©tait il y a plus de deux ans lorsque le jeune Dan a Ă©tĂ© agressĂ© gratuitement et avec une violence inacceptable alors qu’il se trouvait Ă Carthage.
Dan perdra un œil à cause de cette agression sauvage et toute sa famille sera profondément choquée. Depuis, un procès est en cours alors que la famille Sanaren sera obligée de quitter la Tunisie pour, cruel paradoxe, éviter de possibles représailles de la part de ses bourreaux.
C’est ainsi que Simone Sanaren et ses trois enfants se retrouveront en Grèce pour un temps puis rejoindront de nouveau la Tunisie au dĂ©but de l’Ă©tĂ© 2018.
Depuis, la galère a repris et prend des proportions qui s’aggravent.
En effet, les Sanaren sont Slovènes et Ă ce titre, Dan est inscrit au lycĂ©e Gustave Flaubert oĂą il prĂ©pare son bac sciences. Le jeune homme compte parmi les bons Ă©lèves de ce lycĂ©e et jouit d’une excellente rĂ©putation auprès de tous.
Toutefois, Dan risque de se retrouver sous peu sans Ă©cole. En effet, la famille ne peut pas payer les frais scolaires qui sont de l’ordre de 21.000 dinars. En ce sens, les frais d’inscription dĂ©jĂ payĂ©s s’Ă©lèvent Ă 7.000 dinars et le reste de la somme concerne les deux semestres de cours.
Dan doit payer ce montant qui peut paraĂ®tre exorbitant car il n’est ni Français, ni Tunisien et que la politique de l’Ă©tablissement consiste Ă faire payer les « étrangers » des frais scolaires plus chers.
Toutefois, Dan n’est pas issu d’une famille de diplomates ni de parents qui seraient des experts internationaux ou des gestionnaires d’usines. Il ne peut ainsi que subir ce tarif Ă©levĂ© car prĂ©vu pour des catĂ©gories spĂ©cifiques dont les revenus sont très importants.
Sa mère est son seul soutien et elle a dĂ©jĂ fort Ă faire avec ses frères inscrits dans des Ă©tablissements tunisiens car ils le pouvaient et ce grâce au soutien actif du ministère de l’Education nationale.
D’ailleurs, il faut mentionner que notre ministère de l’Education nationale a pris en charge tous les frais de l’opĂ©ration sur l’oeil qu’a du subir Dan après son agression. Ce dĂ©partement a ainsi fait preuve aussi bien de sens de la responsabilitĂ© que d’hospitalitĂ©.
DĂ©sormais inscrit dans un lycĂ©e français Ă la Marsa, Dan poursuit son cycle secondaire après un passage au lycĂ©e français d’Athènes oĂą il a Ă©galement pu bĂ©nĂ©ficier de conditions matĂ©rielles particulières.
Pourtant, les choses ne se passent pas comme elles le devraient et cet adolescent risque de se retrouver à la porte du lycée car sa famille ne parvient pas à payer la totalité des frais de scolarité.
Ceci est fondamentalement injuste car il est inconcevable qu’un enfant soit dĂ©scolarisĂ© pour des raisons pĂ©cuniaires. De plus, sa mère a payĂ© une partie des frais et fait de son mieux pour solder les comptes.
Selon nos informations, le lycée Gustave Flaubert et la ville de La Marsa ont promis de se mobiliser pour Dan mais pour le moment, il reste sous la menace.
Ses camarades de lycĂ©e et plusieurs amis ont entamĂ© des dĂ©marches, l’Association de parents d’Ă©lèves est aussi mobilisĂ©e pour trouver une solution adĂ©quate. Le Lions Club s’est Ă©galement saisi de ce dossier pour apporter une contribution.
Toutefois, ces actions nécessitent un peu de temps et il faudra quelques mois pour que les petits ruisseaux deviennent une rivière. En attendant, Dan est complètement déstabilisé, perd sa sérénité et sa concentration.
Cette inquiĂ©tude qui dure l’empĂŞche d’Ă©tudier normalement et le met dans la peau d’un paria qui, pour le moment est tolĂ©rĂ© mais qui pourrait tout perdre du jour au lendemain.
C’est faire beaucoup de mal Ă ce lycĂ©en que de laisser perdurer cette situation intenable pour un adolescent qui a dĂ©jĂ beaucoup trop pris sur lui.
C’est vrai, Dan est courageux, fait comme si de rien n’Ă©tait, reste optimiste. Mais reconnaissons que sa situation est bien inconfortable.
Comment faire pour que son Ă©cole considère tous ces paramètres? Est-il logique qu’un enfant se retrouve Ă la rue pour ces raisons financières? Nous sommes tous interpellĂ©s et placĂ©s face Ă nos responsabilitĂ©s.
Beaucoup de Tunisiens connaissent dĂ©sormais la situation de Dan et, faute de l’accueillir dans un Ă©tablissement scolaire public, s’engagent Ă le soutenir. Est-ce une cause perdue que d’aider ce jeune qui dit et rĂ©pète qu’il se sent « plus Tunisien que Slovène » car il a vĂ©cu plus de temps dans ce pays que sur sa terre natale? Est-ce raisonnable de laisser le sort s’acharner sur un adolescent qui n’a que sa mère qui elle-mĂŞme ne vit pas une sinĂ©cure?
Il faut qu’une solution soit trouvĂ©e rapidement. Il incombe aux hauts responsables tunisiens et français de chercher une issue Ă cette situation qui nous concerne tous. Car la Tunisie est la terre d’accueil de cette famille et la France celle qui peut aider cet adolescent Ă rĂ©ussir ses Ă©tudes secondaires. Existe-t-il un mĂ©canisme qui puisse dĂ©gager une bourse d’Ă©tudes Ă Dan? De bonnes volontĂ©s se feront-elles connaĂ®tre pour le sortir du marasme qu’il traverse?
L’essentiel, c’est de rĂ©soudre ce grave problème car collectivement, nous ne devons en aucun cas accepter qu’un enfant soit persona non grata dans son Ă©cole au motif que son parent ne dispose pas de revenus suffisants.
Il est temps que la raison et l’humanisme finissent par prĂ©valoir. Car, loin d’ĂŞtre un cas social, Dan se trouve dans une situation humaine qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Il faut, tous ensemble, sauver le lycĂ©en Dan.

