Après le sacre d’Ahmed Jaouadi, la natation tunisienne confirme sa dynamique. La natation tunisienne est une anomalie heureuse. Dans un pays où l’on ne compte que deux véritables bassins olympiques en état, la régularité avec laquelle la Tunisie produit des champions frôle le miracle.
La natation tunisienne s’est imposée dès les années 60 et 70 comme une discipline de prédilection. Elle a été l’une des premières fédérations sportives structurées après l’indépendance, bénéficiant d’un encadrement technique relativement stable et de clubs dynamiques, notamment à Tunis, Sfax, Monastir et Sousse. Cet ancrage précoce a permis de créer une culture de la natation, transmise de génération en génération.
La figure inspirante d’Oussama Mellouli
Double médaillé olympique et champion du monde, Oussama Mellouli a hissé la natation tunisienne au plus haut niveau mondial. Son palmarès exceptionnel — dont une médaille d’or aux JO de Pékin en 2008 et une autre en eau libre à Londres en 2012 — a bouleversé la perception de ce sport en Tunisie. Mellouli est devenu un modèle pour des centaines de jeunes nageurs, incarnant la réussite par l’effort, la discipline et la passion.
Des pionniers aux héros olympiques : la longue lignée des champions
La natation tunisienne ne se résume pas à Oussama Mellouli. Certes, le double médaillé olympique (or à Pékin 2008, bronze à Londres 2012) reste le plus illustre. Mais avant lui, d’autres nageurs avaient tracé la voie.
Champions historiques tunisiens :
- Oussama Mellouli : Champion olympique, champion du monde en eau libre et en bassin. Le plus titré de l’histoire.
- Ahmed Ayoub Hafnaoui : Or olympique à Tokyo 2020 à seulement 18 ans sur 400 m nage libre. Médaille d’or aux Mondiaux de Fukuoka 2023.
- Sarra Lajnef : Plusieurs championnats d’Afrique, participation aux JO de Londres
- Faten Ghattas : Participation aux JO 84
- Senda Gharbi : Participation aux JO 88
- Ali Gharbi : Un nageur emblématique sur la scène nationale et continentale dans les années 70 et 80.
- Samir Bouchlaghem : Il dominait la scène nationale et continentale dans les années 80.
- Mariem Mizouni : Participation aux JO 76
La Tunisie est également multimédaillée aux Jeux Africains, aux Jeux Méditerranéens et aux Championnats d’Afrique, où elle domine souvent les classements.
Des clubs formateurs et une présence constante sur la scène continentale
La Tunisie peut compter sur un réseau de clubs formateurs performants, tels que l’Espérance de Tunis, le Club Africain, ou encore le Club Monastirien ou L’AS Marsa. Ces structures accompagnent les jeunes dès l’âge de 6 ans et leur offrent un encadrement technique solide. Résultat : la Tunisie domine régulièrement les Championnats d’Afrique et les Jeux panarabes, avec des dizaines de médailles à la clé.
Un accès naturel à la mer qui facilite l’initiation
Avec plus de 1 300 km de côtes, la Tunisie bénéficie d’un accès privilégié à la mer Méditerranée. Cette géographie maritime permet une familiarisation précoce avec l’eau pour de nombreux enfants. Dans plusieurs régions, la mer est l’initiation naturelle à la nage avant même les bassins. Certaines disciplines comme la nage en eau libre, où la Tunisie s’est illustrée, en tirent un avantage stratégique.
Au-delà des frontières africaines, les nageurs tunisiens participent de plus en plus à des stages, compétitions et circuits internationaux. La Fédération tunisienne de natation mise sur les échanges avec des centres d’élite, notamment en France, aux États-Unis ou au Qatar. Cette ouverture sur le monde permet d’élever le niveau, d’accéder à des technologies d’entraînement avancées et de confronter les jeunes aux meilleurs nageurs de la planète.
Une culture ancrée
La réussite tunisienne en natation n’est ni un hasard ni un miracle. Elle repose sur un socle historique fort, des champions emblématiques, des clubs dynamiques et une ouverture stratégique sur l’international. La Tunisie continue d’inspirer et de s’imposer comme une puissance aquatique africaine, prête à faire des vagues sur la scène mondiale.
Mais surtout une culture ancrée chez les jeunes et une rage de vaincre de plus en plus présente et Mehrez Boussayene, président du Comité National Olympique Tunisien (CNOT), n’en fait pas mystère. Dans un élan aussi lyrique que sincère, il affirmait aux médias lors de l’exploit de Hafnaoui en 2020 :
« C’est un exploit historique pour le sport tunisien, arabe, méditerranéen. Nos champions, ils ont la grinta, la ferveur, et même la folie de gagner. C’est ce qui anime nos jeunes quand ils sont sous le drapeau national, ce sont des soldats« . Cela dit, Boussayene n’a pas tort. Dans un pays qui compte deux maigres bassins olympiques, sortir un champion de cette trempe, il y a de quoi se gargariser un peu.