Le président de la République, Kais Saied, a reçu lundi au palais de Carthage la directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope. Lors de cet entretien, le chef de l’État a fermement réitéré la position de son pays : la Tunisie ne saurait devenir un point de passage ni un lieu d’installation pour les migrants en situation irrégulière.
Le président Saied a dénoncé une dynamique migratoire qu’il juge loin d’être fortuite, évoquant l’existence de réseaux criminels impliqués dans la traite des êtres humains et le trafic d’organes, opérant aussi bien sur le continent africain que sur la rive nord de la Méditerranée.
Il a mis en garde contre ce qu’il considère comme un « plan criminel », soulignant qu’il est impensable que des milliers de personnes – femmes, enfants en bas âge, femmes enceintes – parcourent de longues distances jusqu’en Tunisie, notamment vers les villes de Jebeniana et Al-Amra, sans qu’un dispositif organisé ne soit à l’œuvre.
Sur le plan sécuritaire, Kais Saied a insisté sur le respect de la souveraineté nationale, affirmant qu’aucun État ne peut tolérer qu’une partie de son territoire échappe à sa législation. Il a défendu l’évacuation des camps de migrants irréguliers en assurant qu’elle a été menée dans le respect du droit humanitaire, mais aussi selon des principes éthiques et moraux.
Le président a par ailleurs souligné que les flux migratoires actuels sont les conséquences d’un ordre économique mondial injuste, dont la Tunisie se considère également victime. Il a réaffirmé l’attachement du pays à son identité africaine et déclaré que « l’Afrique, terre de richesses, doit rester la terre des Africains ».
Appelant l’OIM à intensifier ses efforts, Kais Saied a plaidé pour un appui concret au retour volontaire des migrants vers leurs pays d’origine, en insistant sur la nécessité d’un soutien financier pour leur réinsertion en toute sécurité. Il a également exhorté l’organisation onusienne à collaborer avec toutes les parties concernées afin de déterminer le sort des personnes disparues, en mer ou sur terre.
« La Tunisie a fait ce qu’elle pouvait avec ses propres moyens. Elle a porté de lourds fardeaux, mais cette situation ne peut plus durer », a-t-il martelé, appelant à un nouvel ordre humanitaire mondial qui rompt avec les logiques de pillage, de famine et de conflits.
De son côté, Amy Pope s’est déclarée « très heureuse » de sa rencontre avec le président tunisien. Elle a reconnu que la question de la migration irrégulière représente une préoccupation majeure pour la communauté internationale, et a indiqué que des pistes communes ont été évoquées afin de faciliter le retour volontaire des migrants, tout en leur assurant un avenir digne et durable dans leurs pays d’origine.