La Tunisie fait face à des défis sérieux et devrait connaître une hausse de l’inflation et une croissance modérée, selon Kristalina Georgieva, directrice du FMI. Le Fonds reste disposé à soutenir la Tunisie, indique-t-elle.
Interviewée, dimanche 11 février 2024 par Alarabiya Business en marge du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a évoqué la Tunisie.
Elle a souligné que la Tunisie fait face à des défis sérieux malgré les revenus du tourisme évoquant notamment la hausse de l’inflation, qui devrait atteindre 9,8% en 2024 selon les projections et la faiblesse de la croissance, qui reste modérée avec une prévision de 1,9 % cette année.
Kristalina Georgieva, Ahmed Hachani et le soutien du FMI
Mais Kristalina Georgieva a surtout réitéré le soutien du FMI à la Tunisie dans le cas où celle-ci le souhaitait, se référant notamment à une réunion qu’elle a eue avec le chef du gouvernement Ahmed Hachani, il y a quelques jours et au cours de laquelle ils ont discuté de l’importance pour la Tunisie de considérer les recommandations du FMI.
Selon elle, Ahmed Hachani lui a assuré que les portes de la Tunisie sont grandes ouvertes au Fonds, contrairement à ce que l’on prétend, rappelant que « le programme du FMI est un coup de pouce pour les pays qui le souhaitent »
Mais elle a estimé que « la Tunisie est confrontée à de graves problèmes avec un taux d’inflation très élevé et une croissance plus lente que la moyenne de la région ». « La Tunisie doit réfléchir à l’utilité du programme… », a-t-elle dit.
Evoquant sa réunion avec Ahmed Hachani, elle indique : « nous avons discuté de la volonté de la Tunisie de s’appuyer sur les conseils du Fonds… En fait, il m’a dit que tout le monde parle de la Tunisie qui reste fermée au FMI, et a précisé clairement que la porte est ouverte. Par conséquent, nous continuerons à coopérer et à soutenir la Tunisie si elle décide qu’il est utile d’aller au-delà des conseils politiques… »
Il convient de noter que le Chef du gouvernement a rencontré la directrice du FMI, en janvier dernier, en marge de sa participation au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
Il est à noter que les négociations entre le FMI et la Tunisie sont perturbées depuis octobre 2022, le président de la République, Kais Saied ayant déclaré à plusieurs reprises que la paix civile était une ligne rouge en référence aux conditions imposées par le Fonds…
Reports
Rappelons qu’une visite d’une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) était initialement prévue du 5 au 17 décembre 2023, en Tunisie, et a été reportée, sur demande des autorités tunisiennes.
Les raisons de ce report n’ont pas été révélées mais cette source a indiqué que « le FMI reste prêt à effectuer les consultations annuelles au titre de l’article IV et dont l’objectif est l’examen des performances économiques de la Tunisie ».
Faire le point
C’est en octobre dernier à l’occasion de la tenue des Assemblées annuelles du FMI et de la BM à Marrakech que le directeur du département Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, avait annoncé qu’une délégation du FMI doit se rendre à Tunis pour faire le point sur les derniers développements de la situation économique et financière dans le pays.
Jihad Azour avait souligné, à cette occasion, que « le plan de réformes présenté par les autorités tunisiennes est à mettre en exergue insistant, toutefois, sur la nécessité du gouvernement à durcir sa politique monétaire dans le but de juguler l’inflation qui reste élevée ».
Il avait insisté sur le fait que la coopération entre la Tunisie et le FMI, suspendue depuis octobre 2022 en ce qui concerne la question du prêt, se poursuivait ainsi que le soutien technique.
Le 15 octobre 2022, le FMI avait fait savoir qu’un accord avait été trouvé avec les autorités tunisiennes en vue de l’octroi d’un prêt d’un montant de 1,9 milliard de dollars versés en quatre tranches. Un accord qui avait achoppé sur des réformes que la partie tunisienne a jugé douloureuses et néfastes pour le peuple tunisien.
Conditions
Si Kais Saied s’oppose aux réformes exigées par l’institution de Bretton Woods, celles relatives, notamment, à la suspension des subventions des produits de base et des hydrocarbures, et à la question, encore plus brûlante, de la privatisation des entreprises publiques, le FMI considère ces réformes comme une condition sine qua non pour débloquer le prêt.