L’Allemagne arrive, en 2023, en tête des pays qui ont accueilli des Tunisiens dans le cadre de la coopération technique. Sur les 4510 recrutés, l’Agence Tunisienne de Coopération Technique (ARCT) en a « placé » 872 en Allemagne, soit environ 20% du nombre total de recrutements.
C’est ce que révèlent les résultats enregistrés dans le domaine de la coopération technique au cours de l’année 2023. Une année au cours de laquelle la coopération technique a amélioré de 28% ses « placements » à l’étranger : 4510 recrutés en 2023 contre 3511 en 2022, et 2486 au cours de l’année 2021.
L’Europe plutôt que les pays arabes !
Quand on parle de coopération technique, le commun des mortels pense directement à celle que la Tunisie – à travers l’ARCT – entretient avec les pays arabes. Et il n’a pas tort en ce sens que le gros des coopérants tunisiens sont établis dans cette région du monde. Sur les 25.084 coopérants exerçant à l’étranger au 31 décembre 2023, 14.446 travaillent dans les pays arabes, soit 58% du total des coopérants.
L’Europe vient en seconde position en tant que terre d’accueil des coopérants tunisiens avec 6595 personnes – 26% du total général –, suivie des pays de l’Amérique du nord (2918 coopérants), l’Afrique (466) en plus de 596 coopérants dans les organisations internationales.
Si les chiffres globaux donnent à voir une concentration – séculaire – des coopérants tunisiens dans les pays arabes, rien ne dit, cependant, que cette tendance restera inchangé à en considérer, d’une part, les programmes de mobilité et de migration organisée par l’Agence, et, d’autre part, la demande exprimée par les pays receveurs.
Il est bon de préciser, à ce titre, que ce sont les pays d’Europe qui ont raflé la mise en 2023. L’Allemagne a accueilli le plus gros contingent de coopérants (872 recrutés), le Canada n’est pas en reste avec un total de 738 personnes. Arrivent en ordre décroissant l’Arabie Saoudite (564 recrutés), la France (542), Oman (444) puis l’Italie (339).
Le facteur pécuniaire est, vraisemblablement, derrière la dégringolade des pays arabes quant à séduire les coopérants tunisiens. La région arabe n’est plus aussi attractive qu’elle l’était il y a une vingtaine ou une trentaine d’années. Raison pour laquelle les coopérants expriment, désormais, un penchant pour les pays d’Europe où les salaires – valeur de l’euro aidant – sont plus attrayants. Sans oublier le champ des domaines qui sont demandeurs de l’intelligentsia tunisienne, devenu plus vaste et mieux rémunéré.
L’Education et la santé au premier plan
Concernant la répartition sectorielle des coopérants, l’éducation occupe la première place en termes du nombre de coopérants détachés à l’agence : 9285 sur un total 25.084 coopérants, soit un taux de 37%, suivi du secteur de la santé (7767 coopérants). Le secteur de l’administration occupe la troisième position (1323) suivi du secteur de l’informatique et des médias (1024 coopérants).
A ce titre, n’est-il pas judicieux de se demander s’il y a une relation de cause à effet entre la demande croissante exprimée par les pays étrangers pour ces disciplines et le manque de personnels qu’accusent ces deux secteurs chez nous ? Sans parler de la dégradation de la qualité de leurs prestations.
Devons-nous nous réjouir que la santé et l’éducation tunisiennes sont valorisées à l’international et, paradoxalement, dénigrées à l’intérieur ?
Chahir CHAKROUN (Article publié dans Tunis-Hebdo du 05/02/2024)