Ses avocats et ses partisans pensaient dur comme fer que leur cliente, Abir Moussi, allait être libérée, mais une nouvelle affaire ciblant la présidente du Parti destourien libre, vient de surgir.
Arrêtée le 3 octobre 2023, puis placée en garde à vue, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL) est toujours incarcérée depuis l’émission d’un mandat de dépôt à son encontre, le 5 octobre 2023.
Abir Moussi faisait face à plusieurs chefs d’accusation de gravité différente, selon son collectif de défense, le chef d’accusation le plus grave étant « attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, incitation des citoyens à s’armer les uns contre les autres, et provocation de désordre sur le territoire tunisien ».
Elle était également accusée « d’utilisation de données personnelles sans l’autorisation de la personne concernée et attentat ayant pour but de porter atteinte à la liberté du travail ».
Libération reportée ?
Depuis, ses avocats s’activent à la faire libérer en usant de tous les moyens juridiques pour y parvenir au point que le 3 janvier dernier, ils s’étaient montrés plus que confiants en sa libération prochaine.
Le membre du comité de défense d’Abir Moussi, Nafaa Laaribi avait même annoncé que les tests techniques dans le dossier de la présidente du PDL, n’ont rien prouvé. Même son de cloche pour Karim Krifa, qui s’était déclaré confiant quant à la libération d’Abir Moussi d’autant qu’aucun élément n’aurait été trouvé l’impliquant, selon ses dires.
L’ISIE entre en scène
Coup de théâtre, aujourd’hui, lundi 15 janvier 2024 lorsque l’avocat et dirigeant du PDL, Karim Krifa, a indiqué, lors d’une conférence de presse organisée par la défense d’Abir Moussi que cette dernière est désormais ciblée par une nouvelle affaire suite à une plainte de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE).
Il a révélé que la véritable raison de l’arrestation d’Abir Moussi fait suite à cette plainte remontant à décembre 2022 à la suite d’une publication Facebook de l’intéressée. L’ISIE a estimé cette publication, une lettre ouverte adressée par Abir Moussi au président de la République, Kais Saied, comme injurieuse pour l’instance.
Abir Moussi est poursuivie au sens de l’article 24 du décret-loi n°54, par l’ISIE pour « outrage à un fonctionnaire public et diffusion de fausses informations », a annoncé Karim Krifa, estimant que cette affaire est une « nouvelle tentative d’écarter un adversaire sérieux à la présidentielle ».
Karim Krifa a exprimé sa surprise quant au fait que « l’ISIE s’est immiscée dans une affaire entre des parties politiques en devenant l’adversaire d’un candidat à la Présidentielle au détriment d’un autre », selon ses termes.
Karifa a estimé que « les autorités utilisent aujourd’hui le pouvoir judiciaire et l’ISIE comme des armes pour se débarrasser des opposants politiques », estimant « qu’Abir Moussi est détenue contre son gré parce qu’elle est candidate à l’élection présidentielle ».
Selon Krifa, l’ouverture de cette affaire à cette période précise est « une tentative manifeste d’écarter un réel adversaire pour la présidentielle prévue en 2024, en utilisant la justice dans un premier temps, puis l’instance électorale ».
Il a annoncé que le parti a décidé de mener une série de mouvements dans les prochains jours, dont un rassemblement symbolique le 21 janvier devant le Conseil supérieur provisoire de la Magistrature et une marche massive le 18 janvier.
Selon l’article 24 du décret-loi n° 2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication, « est puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 50 mille dinars quiconque utilise sciemment des systèmes et réseaux d’information et de communication en vue de produire, répandre, diffuser, ou envoyer, ou rédiger de fausses nouvelles, de fausses données, des rumeurs, des documents faux ou falsifiés ».
Rappelons qu’Abir Moussi avait été arrêtée le 3 octobre 2023 en marge de sa protestation devant le bureau d’ordre de la présidence de la République.