Le Bureau de Tunis de l’organisation Amnesty International a exprimé, aujourd’hui, « une grande inquiétude quant à la vague des dernières arrestations ayant pris pour cible des opposants au président de la République, Kais Saied ».
« Nous sommes préoccupés par l’usage de l’arsenal juridique pour faire taire les critiques, particulièrement le décret-loi n°2022-54 relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication », explique l’organisation.
« Ce décret constitue une menace pour la liberté d’expression et le droit à la vie privée », a-t-elle estimé, évoquant également sa crainte à l’égard de l’usage de la loi organique n°2015-26 relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent ainsi que d’autres articles du code pénal.
Amnesty International a appelé les autorités tunisiennes à « cesser toutes les mesures légales prises contre des activistes pour avoir utilisé leurs droits humains fondamentaux, particulièrement leur droit à exprimer leurs opinions librement et de manière pacifique ».
Elle a souligné l’impératif de ne plus traduire des personnes critiquant ouvertement le pouvoir devant les tribunaux militaires, insistant sur « la nécessité de respecter les droits de l’Homme et les libertés fondamentales ».
Le 25 février 2023, des mandats de dépôt en prison ont été émis contre neuf accusés dans l’affaire du complot contre la sûreté de l’État. Il s’agit de Kamel Letaief, Khayem Turki, Abdelhamid Jelassi, Issam Chebbi, Jawher Ben Mbarek, Chaima Issa, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhadj et un neuvième accusé originaire de la région de Sousse.
A ces neuf personnes, il faut ajouter le leader du mouvement Ennahda, Noureddine Bhiri, et le directeur de la radio Mosaïque FM, Noureddine Boutar, eux aussi, concernés par un mandat de dépôt.