L’organisation Human Rights Watch est revenue sur l’affaire Ayachi Hammami, estimant que « l’activiste et avocat avait simplement exercé son droit à la liberté d’expression pour défendre l’indépendance judiciaire ».
« Malgré la répression de plus en plus sévère qui sévit depuis que le président Kais Saied s’est arrogé des pouvoirs extraordinaires le 25 juillet 2021, la société civile en Tunisie reste plus libre aujourd’hui que sous Ben Ali, (…). Mais le 10 janvier, une affaire politique préoccupante contre un militant de longue date a ramené de nouveau la flash mob des droits humains sur ce même trottoir, en face du tribunal ».
Human Rights Watch rappelle que « Ayachi Hammami est accusé d’avoir, dans une interview accordée à la radio (Shems fm) le 29 décembre 2022, en tant que coordinateur du Comité de défense des juges révoqués, condamné les efforts du président Saied visant à éviscérer l’indépendance de la justice ».
Comme base de toute cette affaire la révocation de 57 magistrats, 1er juin 2022. Ayachi Hammami a alors accusé la ministre de la Justice, Leila Jaffel, de « commettre un crime » en refusant d’appliquer une décision du tribunal administratif de réintégrer la plupart de ces juges, et de « fabriquer » des affaires criminelles à leur encontre.
L’accusation contre Hammami s’appuie sur une plainte déposée par Leila Jaffel en vertu du décret 54, promulguée par le président Saied en septembre dernier. Hammami est accusé, en vertu de l’article 24 de cette loi, de diffuser « de fausses informations dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui et de menacer la sécurité publique, et d’attribuer de fausses informations pour diffamer autrui ». Provisoirement en liberté, il risque 10 ans de prison.
Le 10 janvier, dans la salle d’audience du juge d’instruction, 22 avocats de la défense se sont relayés pour affirmer que Ayachi Hammami n’avait fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression pour défendre l’indépendance de la justice. Le juge doit maintenant décider s’il renvoie Hammami devant un tribunal.
Lors de sa comparution, le juge d’instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis a décidé de maintenir l’avocat en état de liberté.