Six ans après la rĂ©volution tunisienne, le moins que l’on puisse dire, c’est que les acteurs de la mouvance islamiste en Tunisie se sont spectaculairement enrichis.
La rue ne parle que des villas de maître et des terrains bien situés dont plusieurs politiciens islamistes ont acquis la propriété.
Bien des affaires juteuses dans les domaines de l’import-export ou des voyages organisĂ©s sont Ă©galement tombĂ©s dans l’escarcelle de ceux qui, hier, prĂ©tendaient militer pour l’essor social du petit peuple.
A ce titre, le ressentiment, surtout parmi les jeunes, continue Ă grandir dans un pays oĂą les poches de pauvretĂ© restent nombreuses, comme en tĂ©moigne l’hiver difficile que passent de nombreuses familles.
Finalement, tout se passe comme si tout de suite après la révolution, une nomenklatura en avait remplacé une autre désormais en fuite.
Ce dĂ©sir d’enrichissement des Ă©lites islamistes peut Ă la rigueur se comprendre. Toutefois, il est en contradiction flagrante avec les objectifs de la rĂ©volution et souligne une aviditĂ© que semblent avoir aiguisĂ©e les annĂ©es d’exil ou de prison.
L’exemple le plus frappant dans cet ordre d’idĂ©es est celui de Sahbi Attig, militant du mouvement Ennahdha qui luttait sur le terrain au plus près du petit peuple dont il fait partie.
Ce Attig qui aurait pu prĂ©tendre, grâce Ă cet engagement de proximitĂ© et parce qu’il partageait le quotidien du peuple, acquĂ©rir une stature d’homme politique exemplaire fait un choix tout autre.
Dès son Ă©lection Ă la dĂ©putation, il a choisi de quitter la citĂ© Ettadhamen et ceux qui l’avaient Ă©lu. Il a prĂ©fĂ©rĂ© s’installer, comme la plupart des nouveaux apparatchiks, dans les beaux quartiers.
Attig a ainsi abandonnĂ© le bus qu’il empruntait et sa lĂ©gendaire motocyclette pour un look plus riche, un nouveau quartier plus chic et de nouvelles prĂ©tentions.
Ce faisant, celui qui aurait pu être un symbole et un modèle pour les politiques tunisiens a simplement montré à quoi servait la révolution de la Dignité : à simplement créer de nouveaux privilèges pour ceux qui se considéraient au pouvoir.
Cet exemple de Sahbi Attig est à méditer car il est exemplaire de certaines dérives de la révolution tunisienne.
Car, ce dont l’histoire finira par se souvenir un jour, c’est que les partis « vainqueurs », considĂ©rant la Tunisie comme un butin, se sont compensĂ©s Ă coups de milliards, mettant Ă mal les finances publiques et enfonçant la rĂ©volution dans le marasme qui est actuellement le sien.
Plus largement, Sahbi Attig et son dĂ©sir effrĂ©nĂ© de promotion sociale souligne jusqu’Ă la caricature les travers ataviques de trop nombreux politiciens tunisiens.
HB