Le Centre démocratique pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), une fondation internationale basée en Suisse est dont la Tunise est membre, pointe dans un rapport publié ce mercredi 3 décembre le manque de transparence du ministère de l’Intérieur.
Le rapport, intitulé « Les défis de la sécurité humaine dans le nord-ouest tunisien », est consacré au compte-rendu d’une conférence organisée par le DCAF au mois d’avril dernier à Tabarka. C’est à cette occasion que la fondation a dénoncé les difficultés qu’elles avait rencontrées pour mener à bien son travail, en raison de l’opacité du ministère de l’Intérieur.
L’emplacement des stations de police considéré comme « confidentiel »
Il a par exemple été impossible pour le DCAF de cartographier les stations de police, « puisque les autorités considèrent leurs emplacements comme étant une information confidentielle », regrette la fondation, insistant sur « la nécessité de faire connaître aux citoyens l’emplacement des structures de sécurité auxquelles ils peuvent s’adresser ».
Impossible de connaître l’organisation interne et les principaux responsables du MI
« Il existe peu d’informations disponibles au sujet de la structure du ministère de l’Intérieur. Le ministère ne publie par exemple aucun organigramme détaillé comprenant les noms des titulaires des positions importantes », note le DCAF.
Sont également considérés comme secrets plusieurs décrets « concernant la structure des forces de sécurité », précise le rapport.
Des données statistiques insuffisantes
La fondation relève enfin le très faible nombre de statistiques concernant la sécurité mises à disposition par le ministère de l’Intérieur :
« Le ministère de l’Intérieur ne publique que quelques statistiques […]. [Il] ne publie pas de statistiques détaillées par région. »
Le DCAF rappelle pourtant l’utilité des statistiques pour les autorités sécuritaires, expliquant que « l’exploitation et la mise en valeur des statistiques de criminalité permettraient au ministère, aux autorités régionales et aux forces de sécurité de lutter contre la criminalité de manière plus systématique ».
« Une compréhension de ses origines et des tendances permettrait également d’identifier et d’évaluer, dans la durée, l’efficacité de l’action sécuritaire », ajoute le DCAF.
À noter que le gouvernement tunisien semble avoir pris récemment des initiatives pour améliorer la production de statistiques à ce sujet. Le DCAF a en effet commencé, au mois d’octobre, en collaboration avec le gouvernement, à mettre en place un projet de cartographie des statistiques de la criminalité en Tunisie.