La révolution tunisienne a attisé l’opportunisme de certaines catégories sociales ou de certains hommes politiques les uns pour en tirer un profit en monnaie sonnantes et trébuchantes, les autres pour arriver à leurs ambitions pouvoir politiques.
L’histoire nous enseigne que chaque changement socio politique important – qu’il soit partiel ou total, radical ou même superficiel- par le fait d’une guerre, d’une révolte, d’un mouvement social ou d’une révolution produit la chute, ou du moins la contestation de leur domination, de certaines couches sociales au détriment d’autres qui grimpent dans l’échelle de la hiérarchie économique ou politique.
Le changement qui s’est produit en Tunisie n’a pas échappé à cette règle objective avec l’apparition de deux types de rapaces : ceux qui cherchent à en tirer un profit pécuniaire et ceux qui piaffent d’impatience pour prendre les rênes du pouvoir.
Les rapaces à caractère économique sont visibles à l’œil nu, ne prenant pas en considération les difficultés économiques traversées par le pays et la bourse des citoyens pour s’adonner à la spéculation, au trafic des denrées alimentaires, et de toutes sortes de produits contribuant à l’instauration d’une inflation qui devient de plus en plus insupportable pour tous.
Dans cette période de précarité, et où normalement tous les citoyens doivent s’unir, mettre la main dans la main pour essayer de s’en sortir ensemble en faisant preuve de solidarité, d’unité et de soutien mutuel, voilà que des spéculateurs compliquent leur vie quotidienne mettant d’ailleurs gravement en danger une paix civile et sociale qui semble se réinstaller graduellement.
Les rapaces politiques sont tout aussi voraces cherchant coûte que coûte, par tous les moyens, y compris par la malhonnêteté ou la manipulation à atteindre leurs objectifs, en ce temps de période préélectorale à la course aux voix des citoyens.
Le début de ce mois de Ramadan nous offre un exemple type de ce genre d’opportunisme frappant, n’obéissant à aucune règle de morale politique que chaque parti ou formation devrait respecter dans le contexte actuel de la Tunisie. Il s’agit de l’émission de l’un des fondateurs du mouvement islamiste en Tunisie, Abdelfatteh Mourou, qu’il anime quotidiennement sur la chaîne Hannibal. S’il est vrai que la télévision, sous l’ère Ben Ali et aujourd’hui, semble éveiller des vocations d’animateurs de télévision chez quelques « honorables » avocats, il n’en est pas moins vrai que Mourou se découvre tardivement ce « don » !
Lui, qui se présente depuis quelques temps comme le chantre de la tendance « libérale » chez les Islamistes, allant même jusqu’à « menacer » de fonder sa propre formation politique, utilise des manœuvres dilatoires et profite à la fois de la complicité d’un patron de presse loin d’être au dessus de tout soupçon (ses liens avec l’ancien régime sont avérés sinon comment aurait-il pu bénéficier de l’autorisation de créer sa chaîne sans oublier l’assistance et les avantages qu’il avait pu obtenir), mais aussi du manque de fermeté des autorités pour agir de la sorte.
L’administration se doit donc de réagir pour remettre de l’ordre dans les circuits économiques, mettre fin à l’anarchie terrible qui sévit un peu partout (un petit tour du côté de l’Avenue Bourguiba à Tunis le montre clairement) et dans le fonctionnement d’autres institutions comme dans certains médias où la recherche du sensationnel ou tout simplement d’objectifs strictement personnels sont entrain de « re-prendre » le pas sur les grands principes d’impartialité et d’objectivité qui devraient caractériser leur attitude.
Aujourd’hui, ces rapaces qui veulent fondre sur la Tunisie devraient faire l’objet d’une réaction vigoureuse de la part d’abord de la société civile, avec toutes ses composantes, et ensuite du gouvernement provisoire qui doit assumer ses responsabilités face à ces dangereuses dérives.