La date du 22 novembre fait dĂ©sormais partie de l’histoire contemporaine de la Tunisie. Si elle reste marquĂ©e par l’ouverture des travaux de la Constituante,cette date marque aussi l’accession de nouveaux responsables Ă des postes de dĂ©cision Ă la tĂŞte de cette assemblĂ©e.
Ainsi, le prĂ©sident de l’assemblĂ©e sera aux couleurs d’Ettakatol alors que les deux vice-prĂ©sidents reprĂ©senteront Ennahdha et le CPR.
En face, l’opposition s’organise et deux initiatives viennent de voir le jour. D’une part, un regroupement qui se qualifie de « dĂ©mocrate, moderniste et progressiste » devrait se structurer autour des dĂ©putĂ©s du PDP, du PDM et d’Afek Tounes. Avec 30 dĂ©putĂ©s, ce regroupement devrait chercher Ă consolider de nouvelles alliances pour constituer une force palpable.
D’autre part, l’UPL cherche Ă constituer une coalition des Independants au sein de l’assemblĂ©e. Ceci constitue un changement de cap pour ce parti aux ambitions immenses avant les Ă©lections, mais qui n’a obtenu qu’un seul siège.
D’autres faits remarquables sont Ă souligner pour cette journĂ©e du 22 novembre.
1. L’UGTT a fait part de son intention de ne pas participer au nouveau gouvernement. Fait important, car les prises de position de la centrale syndicale historique sont attendues par tous les observateurs. En outre, le puissant syndicat de l’enseignement a dĂ©noncĂ© les atteintes Ă l’intĂ©gritĂ© de l’Ă©cole soulignant ainsi un engagement citoyen.
2. Des centaines de protestataires ont manifestĂ© Ă l’ouverture des travaux de la Constituante. SociĂ©tĂ© civile, partis politiques et familles de martyrs se sont exprimĂ©s en faveur de la libertĂ© d’expression. Toutefois, une agression est Ă dĂ©plorer contre une dĂ©putĂ©e d’Ennahdha. Un geste esseulĂ© et regrettable qui est venu entacher cette manifestation.
3. La coalition tripartite majoritaire Ă l’assemblĂ©e n’a pas dĂ©menti les rumeurs selon lesquelles trois ministères de souverainetĂ© reviendraient Ă Ennahdha ainsi que le très symbolique ministère de la Femme. Sur ce dernier point, seul le parti Ennahdha peut se prĂ©valoir d’une importante reprĂ©sentativitĂ© fĂ©minine Ă l’assemblĂ©e avec quarante Ă©lues.
4. Al Aridha, troisième force de l’assemblĂ©e avec 26 dĂ©putĂ©s, a fait un signe remarquable en direction de la majoritĂ© en faisant part de son engagement Ă faire rĂ©ussir la mission de la Constituante tout en regrettant la cabale qui cible Hechmi Hamdi. Serait-ce le signal d’un rapprochement avec la majoritĂ©?
5. Une autre intervention remarquable est celle de Kamel Morjane qui a parlĂ© de soutien critique Ă l’Ă©gard de la majoritĂ©. Mais que pèsent deux dĂ©putĂ©s dans la configuration actuelle des diffĂ©rents blocs en compĂ©tition?
6. Sur un autre plan, seuls Mbazza et Ghanouchi se sont exprimĂ©s en rassembleurs. Le prĂ©sident par intĂ©rim a ainsi appelĂ© les nouveaux dĂ©putĂ©s Ă la conciliation nationale et au respect des attentes des Tunisiens. Le chef d’Ennahdha a quant a lui esquisse quelques prioritĂ©s en parlant de lutte contre le chĂ´mage et de rĂ©habilitation des familles des martyrs.
7. Enfin, l’extrĂŞme gauche, malgrĂ© son faible poids Ă©lectoral, continue a montrĂ© l’urgence des revendications populaires relativement occultĂ©es par un mois de tractations qui selon deux voix de l’opposition « moderniste » se sont trop souvent deroulees en « catimini » et se poursuivent « en dehors de l’enceinte de l’assemblĂ©e ».