Ce qu'a dit Josep Borrell sur la Tunisie lors de la plénière du Parlement européen

Ce qu'a dit Josep Borrell sur la Tunisie lors de la plénière du Parlement européen
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La situation en Tunisie a été l'objet d’une session plénière au Parlement européen. A cette occasion Josep Borrel, haut représentant/vice-président s'est exprimé sur la question : "La Tunisie est notre proche voisin et partenaire, c’est un pays voisin, lié avec l’Europe par une multitude de liens forgés au long de l’histoire, mais elle se trouve dans une situation préoccupante. La prolongation et des mesures exceptionnelles sans précédent confirmant, entre autres, la suspension du Parlement – non pas l’annulation du Parlement, qui serait clairement inconstitutionnelle, mais la suspension – et la crise socio-économique profonde, que la pandémie de COVID-19 a aggravée , suscitent de plus en plus d’appréhension parmi nous et parmi tous les principaux partenaires internationaux. L’Union européenne a construit un partenariat solide avec la Tunisie. Depuis 2011, depuis le printemps arabe qui a débuté là-bas, en Tunisie, nous avons fortement soutenu sa consolidation démocratique, tant sur le plan politique que financier. Les transitions démocratiques s’avèrent souvent longues et extrêmement difficiles. Et c’est le cas en Tunisie. Parfois, ces transitions peuvent même risquer d’être décevantes lorsque les populations n’en perçoivent pas immédiatement les dividendes – et cela a été le cas en Tunisie -, mais leurs acquis doivent toujours être préservés – et cela doit être le cas en Tunisie. Immédiatement après que le président Kaïs Saïed a suspendu le Parlement – suspendu, pas annulé, mais une suspension permanente et sans fin peut s’apparenter à son annulation – l’Union européenne a exprimé sa position à travers la déclaration que j’ai publiée au nom de tous les États membres le 27 juillet . J’ai ensuite contacté le président Saïed lors de ma visite en Tunisie et j’ai eu une longue et franche discussion avec lui début septembre et nous nous sommes à nouveau entretenus (...). A ces deux occasions, le président Saïed et moi avons eu des échanges très francs et j’ai clairement exprimé les appréhensions en Europe face aux derniers développements, notamment sur ce décret présidentiel du 22 septembre qui prolonge les mesures exceptionnelles, accordant au président des pouvoirs supplémentaires. Le président Saïed est professeur de droit constitutionnel, il connaît donc mieux que moi la théorie de la question. Lorsque je lui ai parlé, il m’a donné beaucoup d’explications de la théorie constitutionnelle sur le bien-fondé de ses décisions. J’ai réaffirmé que la préservation de l’acquis démocratique, la démocratie parlementaire et la stabilité institutionnelle, le respect de la séparation des pouvoirs, de l’État de droit et d’une justice indépendante, ainsi que le respect des droits et libertés fondamentaux, sont essentiels pour la longue à terme la stabilité et la prospérité en Tunisie. Le président s’est montré très critique sur le fonctionnement de la démocratie tunisienne, il m’avait également renvoyé à certains événements survenus à l’intérieur du Parlement tunisien et au comportement des partis politiques qui, selon ses idées, ne fonctionnaient pas au nom du bien-être du peuple tunisien. La récente nomination de Madame Nalja Bouden Romdhane en tant que chef de gouvernement, est certes une étape positive, mais le pouvoir de ce gouvernement est différent du précédent qui a été limogé par Le président. La mise en place d’un gouvernement opérationnel est certainement cruciale pour commencer immédiatement à relever les nombreux défis auxquels la Tunisie est confrontée. Et il faut saluer cet événement. Cependant, il est crucial – pour l’avenir du pays, et sa crédibilité nationale et internationale – que le Président et les autorités tunisiennes à tous les niveaux rétablissent pleinement l’ordre constitutionnel et institutionnel, y compris l’activité parlementaire – le Parlement ne peut rester fermé indéfiniment – et que ils ont fixé un calendrier clair pour sa réouverture. Je dois mentionner que les parlementaires ont été renvoyés chez eux, ont perdu leur immunité, leur salaire et leur activité. Le Parlement doit donc reprendre ses activités. Lors de mon entretien avec le président Saïed, j’ai notamment pris note de l’assurance du président – il m’a rassuré dans des termes très clairs – qu’il entendait limiter ce qu’il a appelé une « période de mesures exceptionnelles », conformément à un article de la Constitution qui lui permet d’agir lorsque le pays est confronté à une situation dangereuse. Et, en même temps, d’engager un dialogue national pour jeter les bases d’un nouveau redémarrage de la démocratie tunisienne. Ce qui compte maintenant, c’est de mettre cela en pratique, avec un calendrier clair. Dans une situation aussi préoccupante, et au nom du partenariat stratégique et solide que nous entretenons avec la Tunisie et de l’importance des ressources financières que nous allouons au développement de ce pays, il est fondamental, de part et d’autre, que nous maintenions un dialogue sérieux et ouvert. Dans le plein respect de la souveraineté de la Tunisie, mais aussi des souhaits et aspirations de ses citoyens, nous souhaitons continuer à soutenir le peuple tunisien dans le but ultime d’encourager les autorités tunisiennes à rétablir la voie vers la normalité constitutionnelle dans les semaines à venir. (...)".



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