Culture : Pourquoi s'acharner contre l'Acropolium de Carthage ?

Culture : Pourquoi s'acharner contre l'Acropolium de Carthage ?
Chroniques
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Dans le contexte difficile que nous traversons et alors que l'Acropolium de Carthage est l'un des rares espaces culturels qui maintiennent une activité, il est surprenant de voir que les pouvoirs publics continuent à s'acharner sur cette institution. Car l'Acropolium de Carthage est bel et bien une institution forgée par trente ans d'efforts et le travail de Mustapha El Okby. Ce promoteur culturel n'est pas un vulgaire concessionnaire qu'on peut congédier à sa guise. Au lieu de saluer comme il se devrait le travail de celui qui a repris un lieu patrimonial délaissé pour le transformer en écrin culturel, c'est tout le contraire qui se passe. On essaie d'humilier un homme, écraser un projet et torpiller avec fracas des décennies de travail. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils faire preuve d'autant de myopie ? N'a-t-on pas d'autre priorité à l'heure actuelle que mettre fin à la concession de Mustapha El Okby ? Pourquoi cet acharnement à détruire sans autre forme de procès ? Les autorités demandent à El Okby de quitter le lieu auquel il a redonné vie, séance tenante. Pour quel projet qui ne saurait attendre ? Aucun, il s'agit seulement de mettre un terme à une concession. Aujourd'hui, sans l'Acropolium qui vit encore, la colline de Byrsa serait un désert culturel avec un musée à l'arrêt pour plusieurs années. Le plus dramatique, c'est le manque de considération pour les propositions de Mustapha El Okby qui demande un délai raisonnable pour que la passation soit harmonieuse et sans casse sociale. Pourtant, la tutelle semble préférer mettre dix familles et un promoteur culturel sur le carreau au nom d'urgences virtuelles. Pourquoi s'acharner sur le premier des partenariats public-privé dans l'histoire de notre vie culturelle ? Ce faisant, c'est un signe négatif qu'on envoie à tous les promoteurs potentiels puisque toute concession est susceptible de s'achever en queue de poisson. Le plus honteux est que l'on donne au fondateur de l'Octobre musical du fil à retordre au lieu de rechercher la meilleure solution pour mettre fin à une simple concession. Au lieu de dialoguer, les autorités compétentes s'enferment dans le silence, ne répondent ni aux courriers ni aux appels téléphoniques de leur concessionnaire. Ce déni met Mustapha El Okby dans la peau d'un homme à abattre dont on n'écoute même pas les arguments. N'est-ce pas là le plus absurde des faits du prince ?Enfin que cache cette diligence à se débarrasser d'un concessionnaire méritant ? Qui se tient à l'affût pour tirer les marrons du feu sur fond d'usurpation en toute légalité ? Ces méthodes brutales n'honorent pas le monde de la culture et il est urgent que les tenants et aboutissants de cette affaire soient connus. En attendant, un collectif de soutien à l'Acropolium est en cours de mise en place dans le silence sidéral des partenaires publics d'un privé qui subit un écrasement digne des pires heures d'une Carthage souvent spoliée. Où est notre éthique si pareils lynchages peuvent cibler un promoteur culturel qu'on élimine à petit feu ? Comment parler de culture et couvrir des stratégies aussi sournoises ? Pourquoi préférer ces règlements de comptes à la transparence et au débat public ? Il faut sauver l'Acropolium de cette méthode qui humilie et écrase au nom de la culture ici assimilée à la loi du plus fort. Est-ce ainsi que l'on écrasera un projet culturel et l'équipe qui le porte ? Une affaire douloureuse qui, par l'absurde, vient démontrer le peu de cas que l'on fait de la culture.



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