Salut au drapeau : Il était une fois la place de la Kasbah

Salut au drapeau : Il était une fois la place de la Kasbah
Chroniques
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Depuis l'enfance, mes pas m'ont toujours ramené à la place de la Kasbah. Et à mes yeux, c'est là que se trouvait la deuxième âme de Tunis. Ma ville est double, métisse et siamoise. Elle a longtemps abrité toutes les communautés qui sont venues y vivre et, aujourd'hui, seuls les édifices du passé témoignent de cette mémoire. Place de la Kasbah, c'est le souvenir de mon grand-père nous emmenant à la Rachidia pour des récitals de malouf. Cette place, c'est aussi de tant de configurations qu'elle a pu prendre au fil des décennies. Lorsque nous y passions avec mon père, il prenait le temps de m'expliquer que les gens qui attendaient assis dans le parc devant le Premier ministère, cherchaient à remettre des lettres aux hauts responsables. Ces derniers venaient à pied et entraient par la grande porte et, en effet, il n'était pas rare que de petites bousculades surviennent lorsque les porteurs de missives approchaient les ministres. Cela me fascinait de savoir ce genre de choses. Toutefois, ce qui valait tous les détours, c'était le salut au drapeau. C'était mon oncle Abdeljelil, un militaire de carrière et le mâle dominant de sa fratrie, qui m'avait enseigné ce rituel. A l'époque, le salut au drapeau se faisait matin et soir - la tradition se maintient mais modifiée - devant le parvis du Premier ministère. Des soldats en tenue rouge et blanche sortaient du palais avec la fanfare militaire et hissaient ou ramenaient le pavillon national. Tous les passants se mettaient alors au garde-à-vous ou quasiment immobiles. La cérémonie durait quelques minutes à peine et m'a profondément marqué. Bien des années plus tard, j'ai travaillé au musée du cinéma qui se trouvait tout contre le siège du ministère de la Culture. De cette époque, je me souviens que tous les jours, je ne manquais jamais le salut au drapeau. De nos jours encore, entre la Kasbah, Bab Sidi Gacem et Bab Sidi Abdallah, que de souvenirs qui jaillissent comme d'une fontaine pour reconstruire une place en perpétuel mouvement.



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