Le taux de chômage n'a quasiment pas bougé depuis des lustres et pour cause, nos jeunes diplômés n'ont pas le background nécessaire pour répondre à telle ou telle offre. Explications.
S'il est vrai que la Tunisie regorge d'universitaires à ne plus qu'en faire, elle est néanmoins confrontée à une réelle carence en compétences. La faute incombe à un système d'éducation complètement désuet où l'aspect pratique est totalement absent et les matières linguistiques délaissées. Ainsi, chaque année, des milliers de jeunes maitrisards et docteurs se voient contraints d'enregistrer leur diplôme au bureau d'emploi en espérant que le Seigneur leur dégote une place au chaud. Entretemps, ces cervelles bourrées d'axiomes, de savoir théorique et d'appréhension sur l'avenir, postulent des postes de conseiller-client chez des sociétés offshores, s'attaquent à la barrière quasi infranchissable des concours étatiques, si tant est qu'il y en ait ou moisissent sur le divan familial auprès de papa et maman. Principal symptôme de ce marasme socio-économique, le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur est pratiquement deux fois plus élevé que le taux de chômage national à (28,2% contre 15,3% au premier trimestre de 2019). Deux raisons sont susceptibles d'expliquer ces pourcentages. La première est qu'un recruteur sait pertinemment qu'il sera obligé de payer plus cher un docteur qu'un simple bachelier, et ce, pour le même poste à pourvoir. Deuxièmement, les entreprises tunisiennes se sont rendues au compte, au grand désarroi de nos jeunes têtes bien pleines, que l'environnement universitaire ne prépare pas correctement les étudiants au monde du travail. Un peu comme un gars qui sait parfaitement comment marche un moteur à explosion mais qui ne sait pas du tout le réparer. C'est précisément sur ce point que notre politique de l'enseignement a échoué, à savoir son incapacité à proposer des stages en entreprise aux élèves et à préserver le matériel destiné au travaux pratiques. Bien entendu, il existe un réel problème dans le processus d'orientation de nos jeunes qui passent le BAC. Car la plupart d'entre eux sont parachutés dans des filières traditionnellement prestigieuses, mais dont les débouchés sont inexistants par les temps qui courent. Pire, il s'avère que les secteurs qui nécessitent le plus de main-d'œuvre, de techniciens, et d'experts sont ceux qui sont le plus décriés : l'agriculture, l'industrie mécanique, le secteur du textile et l'industrie agroalimentaire. Ainsi, si l'on veut diminuer significativement ce taux de 15% de chômage qui irritent nos pupilles, il est primordial de revoir les fondements de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur afin d'orienter les adultes de demain le plus tôt possible, en adoptant la recette du 50% d'apprentissage théorique et 50% d'application pratique sur terrain.Mohamed Habib LADJIMI Tunis-Hebdo du 13/01/2020