Les 5 promesses de Rached Ghannouchi

Les 5 promesses de Rached Ghannouchi
National
print



C’est la question que l’on se pose après les déclarations, entretiens et l’interview qu’il a accordée hier soir à Nessma TV où l’on note cinq promesses susceptibles de faire sortir le pays de la crise si elles sont respectées. 1- Constitution d’un gouvernement neutre dans un délai de mois La première promesse est la formation d’un gouvernement de technocrates présidé par une personnalité consensuelle et ce dans un délai ne dépassant pas le mois. Il y a deux semaines, Ennahdha était catégoriquement opposée à la dissolution du gouvernement actuel, considérant que ce gouvernement est une ligne rouge infranchissable et que la seule concession qu’elle pouvait consentir était d’introduire un remaniement dans l’équipe gouvernementale sans toucher à la présidence du gouvernement. Une semaine après, le parti au pouvoir proposa une coalition gouvernementale qui regrouperait la majorité des partis politiques sous l’égide d’Ali Laareeydh. Cette fois-ci, Rached Ghannouchi a accepté le principe de dissolution du gouvernement en place et la constitution d’un gouvernement de compétences ayant pour mission de préparer les prochaines élections. Il prévoit un délai d’un mois au plus pour la concrétisation de cette promesse. Mais le mouvement saura-il respecter ce délai sachant qu’il n’a pas eu auparavant à respecter le délai d’une année convenu pour l’élaboration de la Constitution ? Le non respect de cet engagement a été expliqué par le fait que le mouvement a été induit en erreur par ses propres experts qui ont mal apprécié le délai de conception de la Constitution. Rached Ghannouchi sort pour la première fois cet argument alors qu’au départ, il considérait qu’il s’agissait d’un engagement moral auquel le mouvement n’était pas tenu. L’opposition pense que l’acceptation de l’initiative de l’UGTT sur la base de la dissolution du gouvernement d’Ali Laarayedh est une manœuvre pour obliger la société civile à renoncer à la campagne «Irrahil». De ce fait, elle a décidé de maintenir la pression jusqu’à démission effective de ce gouvernement. 2- Limiter la mission de l’ANC à la finalisation de la Constitution dans un délai d’une semaine Cette promesse n’est pas tellement loin de celle avancée par plusieurs partis de l’opposition démocrate et les organisations qui se sont chargées du parrainage du dialogue national. Ces derniers estiment que le parachèvement de la Constitution et la promulgation des textes électoraux ne peut pas durer au-delà d’une semaine. Il est, néanmoins, appréhendé des manœuvres dilatoires de la part de certains députés de la Troïka qui pourraient se retrancher derrière l’organisation provisoire des pouvoirs et imposer un ordre du jour différent ou s’étaler sur des questions de forme permettant de gagner du temps. 3- Classer le projet de loi d’immunisation de la révolution Cette promesse annoncée publiquement après l’entretien de Rached Ghannouchi et Beji Caied Essebsi ne devrait pas réjouir certains dirigeants du parti au pouvoir et leurs partisans qui prévoient l’exclusion de la scène politique de Nidaa Tounes, redoutable adversaire politique de la Troïka. Leur réaction violente pourrait faire pression sur la direction politique d’Ennahdha et l’acculer à revenir sur cette promesse. 4- Nidaa Tounes est un grand parti de la place Après une campagne soutenue de dénigrement et de diabolisation, Rached Ghannouchi reconnaît le poids de Nidaa Tounes appelé à jouer un rôle d’avant-garde sur l’échiquier national. Il ne représente plus un phénomène médiatique éphémère comme il le prétendit dans ses discours et il n’est pas l’incarnation de la contre-révolution comme il l’a souvent indiqué. Mais l’on se demande si à travers ce rapprochement avec Nidaa Tounes, Cheikh Rached cherche une entente politique ou prépare le terrain à un successeur prévisible ? 5- Davantage de concessions si l’intérêt de la Tunisie l’exige Enfin, Rached Ghannouchi prévoit davantage de concessions si le fait de les consentir s’avère dans l’intérêt de la Tunisie. En d’autres termes, il annonce que son mouvement est disposé à lâcher encore du lest en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Parmi ces concessions, on peut envisager la dissolution immédiate du gouvernement comme condition préalable au dialogue entre les protagonistes. Les jours à venir nous renseigneront sur les véritables intentions. En attendant, Rached Ghannouchi a promis de retirer la plainte qu’il a déposée contre Samir Bettaieb pour l’avoir accusé d’avoir été derrière les assassinats politiques. C’est, de toute évidence, pour l’heure, la seule promesse qu’il saura tenir sans grande difficulté.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Une tendance qui se renforce : 30.000 touristes américains en Tunisie

Suivant