Le billet de Hatem Bourial - Qui a brûlé les œuvres de Tahar Haddad ?

Le billet de Hatem Bourial - Qui a brûlé les œuvres de Tahar Haddad ?
Chroniques
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Depuis qu’ils se distinguent par leur activisme tous azimuts, certains milieux salafistes ont multiplié les provocations et les opérations « spectaculaires ». La liste est longue : tentative d’attaque de la synagogue de Tunis, descente sur les lieux de prostitution dans plusieurs villes, prise de mosquées, profanation du drapeau national et prise en otage de l’université. Les coups d’éclat de cette minorité bruyante et bien implantée dans les milieux populaires ne semblent pas avoir de limites avec l’objectif clair d’intimider la société civile. C’est ainsi que lors d’une conversation avec des sympathisants de cette mouvance à Kairouan, j’ai entendu affirmer que « les livres impies du mécréant Tahar Haddad ont été brulés ». Les activistes avec lesquels j’ai pu discuter ont également fait part de leur intention d’expurger les bibliothèques publiques des œuvres de Tahar Haddad. Nous voilà donc pris dans l’engrenage d’une « révolution » qui n’hésite plus à revendiquer l’autodafé de livres ! Pauvre Tahar Haddad : de son vivant, il a subi la plus terrible des cabales que menèrent contre lui les milieux conservateurs de son époque. Ils étaient allés jusqu’à tenter d’interdire son inhumation dans un cimetière musulman à cause de ses positions féministes jugées blasphématoires. Longtemps après sa mort, voici maintenant des illuminés qui s’attaquent à ses livres en les brûlant. Comme quoi, certaines haines ne meurent jamais. Comme quoi, le destin des libres penseurs dans la cité islamique est toujours vécu sous la menace. Excommunications, fatwas vengeresses, supplices et lent écrasement de toute pensée singulière. Les masques sont en train de tomber et l’islamisme radical démontre bien qu’il pourrait être le pire des totalitarismes. Nous sommes prévenus. Les précédents sont d’ailleurs nombreux. Mais nous ne serons pas des Munichois, les bras croisés et les regards détournés, face à cette violence barbare…



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