Afin de renflouer les réserves en devises du pays, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a annoncé, lundi 27 août, qu’un comité constitué d’experts financiers a été mis en place afin d’étudier le recours aux emprunts obligataires auprès des Tunisiens travaillant à l’étranger (TTE) et qui sont rémunérés en devises fortes.
Alors que l’euro vient de dépasser la barre symbolique des 3,200 dinars, nos réserves en devises sont retombées à 70 jours d’importation au 27 août 2018. Malgré les restrictions budgétaires adoptées par le gouvernement dans le cadre de la Loi de Finance 2018, les prêts octroyés par le Fonds monétaire international (FMI) et la bonne santé du secteur touristique, nos finances publiques demeurent au ras des pâquerettes. Une lueur d’espoir semble, néanmoins, venir de nos compatriotes résidents à l’étranger rémunérés en euros ou en dollar US.
Selon Karim Ben Ayed, directeur à l’ATB, l’idée serait de « proposer à nos TTE des emprunts obligataires qui contractualisent une maturité à court ou à moyen terme et un taux d’intérêt intéressant. Les souscripteurs rempliront un bulletin précisant le montant de l’emprunt, le taux d’intérêt et, dans certains cas, les primes d’émission. Le bulletin de souscription sera ensuite remis à l’intermédiaire en Bourse pour l’encaissement des obligations ».
Un particulier désireux d’acheter des titres sur le marché obligataire doit savoir que son obligation aura une durée de vie précise et un intérêt annuel précis : par exemple, un titre de 500 euros, rémunéré à 3,5 % par an, échéance 2019. En revanche, le souscripteur pourra vendre son titre avant échéance car les obligations sont cotées quotidiennement, pour un prix qui varie de façon inversement proportionnelle au taux d’intérêt proposé.
Les remboursements se feront selon la devise d’emprunt et non en dinars tunisiens !
Il est à noter que l’obligation est une part d’emprunt donnant lieu à remboursement avec intérêt, alors que l’action est une part de propriété donnant lieu à un versement d’un bénéfice selon le cours de la Bourse. Si cette dernière baisse brutalement, tous les investisseurs chercheront à se désengager des actions, par conséquent, le prix d’achat des obligations va alors monter sous l’ampleur de la demande.
Compte tenu du fait que la société Moody’s, spécialiste dans la gestion des risques financiers, a abaissé la note de la Tunisie à B2, il est fort à parier que la BCT proposera des taux d’intérêt très élevés pour être sûre de trouver des prêteurs. Bien entendu, les remboursements se feront selon la devise d’emprunt et non en dinars tunisiens !
Pour le moment, toutes les informations concernant les modalités de ces emprunts sont des secrets d’alcôves. Nul ne sait encore s’il est question d’emprunts obligataires simples, convertibles en actions ou avec primes d’émission. En revanche, il est légitime de se demander à quoi serviront ces emprunts et si la signature « Tunisie » pèse encore à l’échelle internationale ?
Mohamed Habib LADJIMI
Tunis-Hebdo du 03/09/2018