Molière est encore parmi nous ! C’est le propre de tous les génies universels qui, à travers les œuvres immortelles, traversent, sans coup férir, le temps et l’espace. Pour preuve, voilà pêle-mêle ce qu’il pense de notre actualité politique et les messages qu’il adresse aux hommes et aux femmes qui la font, mais aussi à ceux et celles qui la subissent.
-A propos des reports accordés, dans la loi de finances 2019, aux grands bonnets de l’affairisme « Dans le siècle où nous sommes, on ne donne rien pour rien » (L’école des femmes).
-A propos de la nouvelle alliance Nahdha-Chahed, « Quand deux cœurs s’aiment bien, tout le reste n’est rien » (Monsieur de Pourceaugnet).
-A ceux qui, tourisme parlementaire oblige, encensent aujourd’hui ce qu’ils ont brûlé hier : « La profession d’hypocrite a de merveilleux avantages (Dom Juan).
-A propos des beaux parleurs de la politique : « Ecoutez-les parler : les plus habiles gens du monde, voyez-les faire : les plus ignorants des hommes (Le malade imaginaire).
-Son commentaire à propos du scandale de la loi des finances : « Sur telles affaires toujours, il faut se taire » (Amphitryon) (Ndlr : le « no comment du XVIIe siècle).
– Aux électeurs crédules : « Le plus souvent, l’apparence déçoit, il ne faut pas toujours juger sur ce qu’on voit » (Le Tartuffe).
-Aux citoyens qui attendent du gouvernement des réalisations palpables : « Le chemin est long du projet à la chose » (Le Tartuffe).
-A propos du rapprochement entre la coalition nationale et la Nahdha. « Les inclinations naissantes ont des charmes inexplicables ».(Dom Juan).
– A propos de l’ambiance chaude à l’ARP : « Chose étrange de voir comment avec passion chacun est chaussé de son opinion » (L’Ecole des femmes).
-Aux Tunisiens déçus par les promesses de leurs élus : « Il en est comme de ces songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus » (Le Malade imaginaire).
-Tous les deux sont présents à l’ARP : « Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves » (Le Tartuffe).
-Aux jeunots du gouvernement : « L’emportement de la jeunesse nous entraîne le plus souvent dans des précipices fâcheux » (L’Avare).
-A ces vieillards qui nous gouvernent : « Les anciens, Monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant » (Le Malade imaginaire).
-Un message, au nom du peuple, destiné au gouvernement : « Je vis de bonne soupe et non de beau langage » (Les femmes savantes).
-La maxime des riches à l’occasion de la discussion de la loi de Finances : « Je regarde ce que je perds et ne vois point ce qui me reste » (Psyché).
-La Tunisie et le FMI : « L’argent dans une bourse entre agréablement. Mais le terme venu que nous devons le rendre, c’est lorsque les douleurs commencent à nous prendre » (L’Etourdi).
-Un dernier conseil au chef du gouvernement. « Il est généreux de se ranger du côté des affligés » (La critique de l’Ecole des femmes).
A bon entendeur salut.
Adel LAHMAR
Tunis-Hebdo du 17/12/2018