Après les soldes en Europe, où finissent les vêtements encore accrochés sur les cintres des magasins, qui n’ont pas trouvé de preneurs ?
Avec une dizaine de collections par an et des nouveaux vêtements en rayons chaque semaine, les marques de «fast fashion», en Europe, comme Zara ou H&M se retrouvent chaque année avec des volumes conséquents de production à écouler.
Pour s’en débarrasser, la plupart des marques ne trouvent que deux issues : finir dans une benne, direction l’incinérateur ou une unité de recyclage, pour être recyclés et transformés en fibres textiles, ou dans un container de bateau, direction les marchés d’Afrique, notamment la Tunisie, où ils trouvent une deuxième vie.
Dans les deux cas, ces invendus, quels que soient les revendeurs, ne valent plus qu’un ou deux euros, le kilo ! Une aubaine pour les revendeurs puisqu’ils vendent ces produits à des prix beaucoup plus élevés.
Le marché tunisien se trouve , ainsi, inondé de nombreuses grandes marques, dont les plus importantes sont françaises et espagnoles, car ces dernières répondent à la forte demande du consommateur tunisien, qui les considère comme étant de meilleure qualité que les produits locaux.
Or, il suffit d’une simple comparaison entre le prix original d’un article sur le site web de la marque en France et le prix de vente ici, pour se rendre compte de la différence énorme qui sépare les deux prix. En voici un exemple !
On a le même short, le même tissu, la même couleur, le même motif et la même marque. Or l’écart entre les deux prix est flagrant! Une simple opération de mathématiques montre que le prix de vente en Tunisie, mis à part les tarifs de douane, est égal à 5 fois plus le prix de vente en Europe. Pire encore, il s’agit d’un short soldé, qui n’a pas trouvé de preneur à l’étranger et qui devient dans nos boutiques tunisiennes la dernière tendance.
Qu’ils le sachent ou pas, les Tunisiens, aveuglés par la lumière des enseignes et l’aura des noms des marques, jettent leur dévolu sur les produits importés avec beaucoup de fierté.
Une révision des cahiers des charges régissant l’organisation des malls et autres centres commerciaux, est obligatoire aujourd’hui, afin d’instaurer une concurrence loyale entre les entreprises tunisiennes opérant sur le marché local et les importateurs.
Jihene SALHI
Tunis-Hebdo du 29/07/2019