Les Tunisiens désirant poursuivre leurs études en France à partir de la prochaine année universitaire ont constaté, à leur grand désarroi, que les frais d’inscription en licence, master ou doctorat ont, littéralement, explosé. Cette nouvelle aura-t-elle un impact sur le secteur universitaire en Tunisie ?
«9193,63 dinars par an en Licence et 12.512,63 dinars par an en Master»
L’article aurait pu s’intituler «Comme un malheur n’arrive jamais seul», puisque selon les dernières données de l’Institut national de la statistique tous les secteurs clés de l’économie du pays ont connu, depuis 2013 à octobre 2018, une augmentation de 20 à plus de 40% de leur indice des prix à la consommation.
Mais en ces temps de crise où l’on aurait pu s’attendre à un geste de générosité de la part de la France, notre premier partenaire économique, les Tunisiens ont, récemment, découvert sur le site universitaire Campus France que les droits d’inscription pour les étudiants non-européens arrivant en France à la rentrée 2019 avec un visa VLS-TS pour études seront de 2770 euros pour une année en cycle de Licence, soit 9193,63 dinars et 3770 euros pour une année en cycle de Master ou de Doctorat, soit 12.512,63 dinars.
En revanche, si l’étudiant est déjà inscrit dans un établissement public français au cours de l’année 2018/2019 et qu’il reste dans le même cycle universitaire, le montant de ces frais d’inscriptions ne changera pas pour l’année prochaine.
Toutefois, cette hausse des frais d’inscription n’est que la partie visible de l’iceberg car la dégringolade du dinar ne compte pas s’arrêter de si tôt (1 euro = 3,319 dinars au 30 novembre 2018). Il est fort à parier que d’ici la rentrée prochaine, le taux de change du dinar sera de l’ordre de 3,7 dinars pour 1 euro, ce qui diminuera fortement le nombre de candidature de nos jeunes pour les établissements français.
La France qui représente, jusqu’à aujourd’hui, la destination favorite et pour le moins «abordable» des étudiants tunisiens est en passe de devenir une utopie. Certains parents qui ont la chance de disposer de revenus confortables en dinars ne peuvent plus suivre le rythme de vie à l’européenne et envisagent sérieusement d’envoyer leurs enfants étudier au Sénégal, en Roumanie ou en Ukraine où le coût de la vie est nettement moins élevé malgré des droits d’inscription beaucoup trop chers (environ 5000 dollars par an, soit 14.710 dinars).
L’alternative des universités privées tunisiennes n’est cependant pas à exclure ; comme dirait l’adage «à qui profite… cette augmentation ?» D’ici l’année prochaine, nos futurs bacheliers se bousculeront aux portes de nos établissements supérieurs privés ou étatiques dans le but de décrocher une place dans une filière prestigieuse et extrêmement sélective telle que la médecine ou la pharmacie.
Tout compte fait, cette hausse des droits d’inscription en France profitera, dans un certain sens, aux lycéens qui se verront obligés de travailler plus pour réussir brillamment au BAC et espérer faire les études de leur choix… mais dans leur propre pays. Une manière de réduire la fuite de nos cerveaux, si l’on peut dire.
Mohamed Habib LADJIMI
Tunis-Hebdo du 03/12/2018