La répartition du Budget de l’Etat 2019 par ministères donne à voir une compression des dépenses pour quatre départements, tandis que la plus forte hausse a concerné le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.
Sur les 24 ministères que comprend le nouveau Gouvernement Chahed, 4 départements ont vu leur budget baisser par rapport à 2018, à savoir celui de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire (-24,6%), le ministère du Tourisme (-4,4%), le ministère du Transport (-2,9%) et le ministère de la Jeunesse et des Sports (-2,8%).
Autant la réduction du budget du Tourisme et de celui de la Jeunesse et des Sports peut paraître d’une implacable logique pour des raisons que nous évoquerons ci-après, nous restons, par contre, dubitatifs devant la compression des dépenses allouées au département du Transport et surtout la baisse considérable du budget du ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.
Les raisons d’une baisse
A partir de 2019, les professeurs d’éducation physique relèveront, désormais, du ministère de l’Education alors que leur gestion était, au passé, la tutelle commune du ministère de l’Education et de celui de la Jeunesse et des Sports.
Donc, à bien des égards, la décision de réduire le budget du ministère des Sports de -2,8% par rapport à celui de 2018 est compréhensible puisque ce département s’est déchargé de la masse salariale des professeurs d’éducation physique.
Ce que l’on comprend moins par contre, c’est le volume très dérisoire de ce département qui, faut-il l’admettre, est stratégique sur plus d’un plan, puisqu’outre le sport il englobe également la jeunesse. 645 millions de dinars vont-ils suffire aux attentes à la fois des sportifs et des jeunes gens ?
Le budget du ministère du Tourisme s’est rétréci, lui aussi, en 2019. Il s’est établi à 144 millions de dinars, soit -4,4% par rapport à celui de 2018. Pourquoi cette baisse au moment où le secteur connaît un regain d’activité sans précédent et est en train de battre tous les records d’affluence (près de 8 millions de touristes) ?
Les planificateurs auraient-ils pensé qu’il n’y a pas de mal à grignoter quelques milliards à un secteur qui a le vent en poupe ? Peut-être. En tout cas, René Trabelsi, en homme du domaine, doit composer avec cette baisse et doit chercher à quelle activité il va affecter moins d’allocations.
Les prévisions pour 2019 s’annonçant sous de bons auspices, il pourrait éventuellement réduire les dépenses relatives à la campagne promotionnelle 2019 sans que cela n’ait un impact négatif sur les résultats…
Moins compréhensible si ce n’est aberrante la décision de baisser le budget du ministère du Transport et de celui de l’Equipement et de l’Habitat. 621 millions de dinars (-2,9% par rapport à 2018) pour le transport !
A quoi cette enveloppe va-t-elle suffire ? A l’achat du matériel roulant, aux charges de fonctionnement des différentes sociétés de transport, Tunisair compris, sans parler des subventions qui leur sont affectées.
Nous sommes persuadés que le secteur du Transport va pâtir de cette baisse en 2019 tout comme celui de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire qui a vu son budget se rétrécir comme peau de chagrin. -24,6% par rapport à celui de 2018, à seulement 1202 millions de dinars.
A défaut d’être bête, cette décision est aberrante. L’état dans lequel se trouvent les routes, les ponts et les chaussées dans les différentes villes du pays, les fonds que nécessite le secteur du bâtiment, des travaux publics et le développement urbain requièrent, à notre avis, un meilleur égard. Prions que Dame nature nous épargne des intempéries telles que nous avons vécues en septembre au Cap-bon.
L’Education, l’Intérieur et la Défense sur le podium !
Sans surprise, ce sont les ministères de l’Education, de l’Intérieur et de la Défense qui se partagent les trois premières places du podium. Si le budget de l’Education est le plus conséquent (5,594 milliards de dinars), c’est, sans doute, en rapport avec l’effectif d’enseignants qu’emploie le ministère (près de 150 mille entre enseignants du primaire et du secondaire). Sans parler des dépenses d’investissement (construction d’écoles, de lycées, d’internats) que requiert ce secteur.
Avec respectivement 3,093 milliards de dinars et 2,930 MD, les budgets de l’Intérieur et de la Défense arrivent en deuxième et troisième positions.
En considérant l’effectif qu’elles renferment et les charges de fonctionnement y afférentes, ces ministères nécessitant, également, des dépenses d’investissement conséquentes, que ce soit en achat de matériel ou en frais de formation de leurs personnels, ce qui explique, en partie, pourquoi ces départements ont les budgets les plus importants.
Le budget du ministère de l’Industrie et des PME (2,362 MD) et celui de la Santé (2,055 MD) arrivent respectivement 4ème et 5ème en ordre d’importance suivis de celui du Commerce (1,951 MD).
Si nous nous réjouissons enfin que le département de l’Enseignement supérieur ait pu se maintenir en bonne position (7ème sur 24) sur l’échelle des plus gros budgets (1,645 MD), nous sommes autant surpris qu’inquiets par rapport à la position qu’entretient dans ce classement le ministère des Domaines de l’Etat. Bon dernier, c’est comme si l’Etat reconnaît qu’il n’a plus rien à se mettre sous la dent.
Chahir CHAKROUN
Tunis-Hebdo du 26/11/2018