Ce fâcheux réflexe est propre à tous les responsables du sport national : être aux premières loges à chaque fois où un champion tunisien se distingue sur la scène internationale.
Notre propos n’est pas dirigé contre l’actuel ministre des Sports, Kamel Deguiche, ou encore contre le président du CNOT, Mehrez Boussayene. Ce dernier, en sa qualité de « parton » des disciplines olympiques, s’approprie pratiquement tous les exploits que réalisent nos sportifs. Et il n’est jamais rassasié.
Que des responsables du sport soient présents à l’accueil de notre champion du monde et olympique, Ahmed Hafnaoui, à l’aéroport, c’est ce qu’il y a de plus naturel en dehors du cadre protocolaire qu’exige l’événement.
Sans doute, le ministre des Sports a-t-il été dépêché par le Président de la République en attendant que Hafnaoui, double médaillé d’or au Japon, ne soit reçu au Palais de Carthage et décoré des insignes qui prêtent avec son statut de champion mondial.
Ce qui nous désole, pour ne pas dire ce qui nous intrigue, ce sont plutôt les discours que prononcent les responsables aux médias à l’accueil de nos champions.
« Ce qu’a réalisé Ayoub Hafnaoui est le fruit d’une politique sportive réussie ». La politique suivie au niveau des sports d’élite est réussie en tout point de vue, contrairement à ce que laissent fomenter les mauvaises langues », a déclaré, ce matin, Kamel Deguiche aux journalistes, au hall de l’aéroport.
Pourquoi ce discours empreint de malveillance même si, on en convient, il est adressé à ses détracteurs ? En cette heureuse occasion, Kamel Deguiche n’aurait-il pas dû prononcer un discours rassembleur qui tend à unifier la communauté sportive, déchirée à ce jour par des clivages et des egos qui n’ont pas lieu d’être.
Et puis, de quelle politique sportive, parle Monsieur le ministre ? Y a-t-il vraiment une politique sportive en Tunisie ? J’aimerais bien que les responsables éclairent ma lanterne, ignorant que je suis.
Regardez un peu ce qu’est en train de réaliser le Maroc sur le plan de l’infrastructure, de la formation, du lobbying, du marketing, pour ne citer que ces aspects du sport, pour nous rendre compte que le fossé s’est davantage creusé avec des pays qui nous citaient, il n’y a pas longtemps, en exemple, en matière de réussite sportive.
Mon conseil à nos responsables sportifs : laissez nos sportifs s’illustrer en paix et n’essayez pas de récupérer des performances auxquelles vous n’y avez participé ni de près ni de loin.
Hafnaoui, Jabeur, Jendoubi et les autres champions du même statut ne doivent leurs performances qu’à leur talent, efforts et abnégation. S’il y a des gens à remercier, ce sont leurs staffs techniques et leurs parents. Et les sponsors qui ont cru en eux.
A bon entendeur !