Dans un contexte marqué par l’offensive meurtrière que mène l’occupation israélienne contre le peuple palestinien, notamment dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de victimes ont été recensées – en majorité des civils, parmi eux 254 journalistes tombés dans l’exercice de leur métier – une polémique secoue aujourd’hui la scène médiatique tunisienne.
La journaliste tunisienne Rim Bougamra a accordé un entretien télévisé à l’un des responsables de la guerre au sein du gouvernement israélien, diffusé sur la chaîne Al Arabiya. Une initiative qui a immédiatement suscité l’indignation de le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), lequel a publié un communiqué dénonçant « une violation flagrante de l’éthique journalistique » et « un acte de normalisation médiatique inacceptable ».
Le syndicat a souligné qu’« aucune nécessité professionnelle ni intérêt journalistique ne justifie d’offrir une tribune à un responsable d’un gouvernement impliqué dans des crimes de guerre et contre l’humanité ». Pour le SNJT, ce type d’interview « ne représente aucune valeur ajoutée sur le plan informatif », mais sert plutôt à « blanchir l’occupation et à tromper l’opinion publique ».
L’organisation a également estimé que la diffusion d’un tel entretien « ne saurait être réduite à un simple choix éditorial », mais relève d’« une décision politique enrobée d’un vernis médiatique », visant à briser le consensus arabe et populaire autour du refus de la normalisation avec Israël.
Le communiqué rappelle que les journalistes tunisiens sont moralement et professionnellement tenus de respecter les convictions du peuple tunisien, historiquement attaché à la cause palestinienne et fermement opposé à toute forme de normalisation – qu’elle soit politique, culturelle ou médiatique. La SNJT appelle ainsi les journalistes à s’engager activement dans la dénonciation des crimes de l’occupation et dans une couverture professionnelle du combat du peuple palestinien, loin de toute complaisance.
Enfin, le syndicat réaffirme sa conviction que « le vrai journalisme consiste à se tenir du côté des causes justes, des victimes et de la voix des peuples opprimés », rejetant ce qu’il qualifie de « faux langage de neutralité » qui sert, selon lui, à maquiller une forme de complicité médiatique avec l’occupant.
À la suite de cette affaire, une large campagne de dénonciation a éclaté sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes tunisiens et arabes ont fustigé le choix de la journaliste et appelé à un respect strict des positions historiques de la Tunisie vis-à-vis de la cause palestinienne.