Dans un communiqué commun, douze sociétés savantes tunisiennes, réunissant des médecins, des pédopsychiatres, des psychiatres et des psychologues, prennent position et interpellent l’instance de régulation à propos du traitement discutable du suicide dans les médias.
Questionnant l’éthique de ce travail médiatique, ces douze sociétés savantes appellent à la vigilance et à la retenue, devant certains écarts qu’on ne peut que qualifier de dérives.
Voici le texte de ce communiqué dans son intégralité :
« Les psychiatres, pédopsychiatres, pédiatres et psychologues tunisiens signataires expriment leurs préoccupations devant la récurrence de reportages, concernant les comportements suicidaires, réalisés sans le respect des précautions permettant d’éviter les effets négatifs de telles couvertures médiatiques.
Comme cela a été observé fin 2014 en Tunisie, les médecins et psychologues signataires constatent une nouvelle vague de tentatives de suicide.
La couverture médiatique et inappropriée de cas de suicide peut être à l’origine d’effets d’imitation et de contagion par identification chez les consommateurs vulnérables, surtout quand le reportage facilite l’identification.
Psychiatres, pédopsychiatres, pédiatres et psychologues appellent les professionnels des médias à tenir compte des recommandations internationales en matière de couverture médiatique quand le suicide est évoqué, recommandations établies par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et adoptées par de nombreux pays.
Parmi ces directives, il est important de rappeler que les comportements suicidaires ont un déterminisme complexe et ne peuvent être expliqués par des raisons simplistes, par exemple d’ordre économique, qui participent en outre à stigmatiser une frange de la population.
De même, certaines images et reportages sont déconseillés pour les enfants et les jeunes adolescents, tranches d’âge particulièrement propices à la contagion suicidaire, conformément aux recommandations de la HAICA.
Les médias sont des partenaires privilégiés dans la lutte contre le suicide, et il est primordial de continuer à informer le grand public sur les mesures préventives et thérapeutiques chez les personnes à risque.
Dans ce domaine sensible, une étroite collaboration entre professionnels de la santé mentale et de la communication permettrait d’éviter de nouvelles vagues secondaires à une médiatisation excessive et inappropriée et constituerait un véritable levier vers une action de promotion de la santé de nos concitoyens ».
Signataires
Société Tunisienne de Psychiatrie
Société Tunisienne de Pédiatrie
Société Tunisienne de Psychiatrie de l’Enfant et de l‘Adolescent
Société Tunisienne de Psychologie
Société Tunisienne de Psychiatrie Hospitalo-Universitaire
Association Tunisienne des Psychiatres d’Exercice Privé
Association de Recherche et de l’Etude en Santé Mentale à Sfax
Association des Psychiatres d’Exercice Privé de Sfax et du Sud
Association des jeunes médecins et résidents en psychiatrie
Association Tunisienne des Thérapies Comportementales et Cognitives
Forum Bipolaire Tunisien
Association Tunisienne de Promotion de la Santé Mentale