Deux jours après la décision du ministre de l’Intérieur qui a instauré l’interdiction du sit-in devant la Télévision Nationale, il aura finalement fallu l’intervention spéciale du conseiller politique auprès du premier ministre, Lotfi Zitoun, pour que les manifestants lèvent tôt ce matin du 25 avril 2012, le camp.
Une levée suivie quelques heures plus tard, sur le même lieu du sit-in, d’une conférence de presse.
Aux médias, les manifestants ont déclaré que c’est suite à une négociation avec, entre autres, Lotfi Zitoun qu’ils ont accepté de mettre fin à leur sit-in, et ce, pour le bien du pays. Ils ont également précisé qu’ils avaient agi seuls, restaient unis et n’appartiennent à aucun parti politique. Ils ont insisté sur le fait qu’ils sont là pour défendre la révolution, comme ils l’ont fait auparavant à la Kasbah.
Depuis le 2 mars 2012, ils revendiquaient pacifiquement devant la TV Nationale «un média non corrompu». Une revendication qui a mal tourné, dimanche dernier, lorsqu’ils ont été attaqués par les employés de la Télé, après avoir brandi des banderoles sur lesquelles était écrit «A vendre la chaîne de télévision nationale 7», expliquent-ils.
Contrairement à ce qui a été véhiculé dans les médias et réseaux sociaux, ils n’ont jamais agressé personne. Bien au contraire ils auraient été attaqués et même blessés, ajoutent-ils.
Toutefois, ce groupe se définissant comme des manifestants solidaires et unis pour la même cause semblent être en désaccord entre eux.
L’un d’eux, un barbu portant une veste verte et une casquette de militaire, s’est détaché, en effet, de la conférence pour insulter ses camarades en criant : «vous nous avez trahis». Il ajoutera ensuite : «je vais mettre fin à cette conférence et je vais commencer à lancer des pierres». Il a été immédiatement rattrapé par ses « amis » qui l’ont supplié de se calmer. Un haut gradé des forces de l’ordre a fait de même en le priant de reprendre ses esprits ! (voir les photos)
Près de notre « militaire barbu », nous pouvons entendre leurs différends sur la décision de lever le sit-in, aussi bien que sur la tenue de la conférence de presse. «Ne vous inquiétez pas, on va réagir d’une façon ou d’une autre», nous a-t-il confié.
Les propos contradictoires de ce groupe sont à leur comble. Lors du point de presse devant les caméras, ils passent pour des sit-inneurs pacifistes et agressés, alors que quelques mètres plus loin, ils se chamaillent en menaçant de lancer des pierres.
Tout porte à croire que les sit-inneurs étaient loin de vouloir quitter les lieux, mais une pression du gouvernement ou d’un parti les aurait obligés à obéir, et ce, sans l’intervention des forces de l’ordre.
Des indices qui ne font qu’augmenter les soupçons à l’égard de leurs appartenances à une branche extrémiste d’Ennahdha sur laquelle le gouvernement provisoire se reposerait, n’hésitant pas à l’utiliser pour arriver à ses fins ou faire appel à elle quand cela s’avère nécessaire.
Rappelons que dans ce chaos provoqué par la levée du sit-in et la diversion « médiatique » qui s’en est suivie, le directeur de la Radio Nationale a été remplacé par un proche du gouvernement sans qu’il n’ait été informé.