Le partenariat entre la Tunisie et l’État américain du Wyoming, qui fête ses 20 ans cette année, connaît un développement significatif de sa dimension académique, au moment même où d’autres programmes de coopération américains subissent des coupes drastiques.
Cette alliance, longtemps focalisée sur le volet militaire, s’affirme désormais comme une alternative stratégique face au démantèlement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Dans une récente interview, l’ambassadeur des États-Unis en Tunisie, Joey Hood, a souligné l’importance d’une coopération qui demeure largement méconnue du grand public tunisien.
Depuis deux décennies, un partenariat substantiel lie la Tunisie à l’État américain du Wyoming, dessinant une collaboration aux multiples facettes dont les répercussions dépassent aujourd’hui largement le cadre initial.
Les récents accords entre l’université du Wyoming et quatre établissements tunisiens offrent un cadre de coopération qui pourrait partiellement compenser la suspension des programmes USAID.
Cette nouvelle dynamique intervient alors que l’administration Trump a ordonné le gel de l’aide étrangère américaine pour 90 jours, entraînant la fermeture de nombreux programmes de développement à travers le monde, comme l’a confirmé le milliardaire Elon Musk concernant le gel des financements de l’USAID.
La coopération universitaire avec le Wyoming se concentre sur des domaines stratégiques pour la Tunisie, notamment la gestion des ressources hydriques et l’archéologie. Ces initiatives, moins visibles que les programmes traditionnels de l’USAID, pourraient néanmoins s’avérer plus pérennes, étant ancrées dans des intérêts académiques mutuels plutôt que dans des considérations politiques fluctuantes.
Contrairement au programme Thomas Jefferson Scholarship (TJSP), financé par l’USAID et qui a récemment vu 11 étudiants tunisiens contraints d’interrompre leurs études aux États-Unis, les échanges avec le Wyoming reposent sur des accords interuniversitaires moins dépendants des orientations politiques fédérales. Cette autonomie relative pourrait constituer un atout majeur dans le contexte actuel.
Pour les universités tunisiennes, ces partenariats représentent une opportunité de diversifier leurs sources de coopération internationale, réduisant ainsi leur vulnérabilité face aux aléas de l’aide au développement traditionnelle. Les projets de recherche conjoints sur la gestion de l’eau ou l’agriculture en zone aride répondent à des enjeux concrets pour la Tunisie, tout en s’inscrivant dans une logique de bénéfices mutuels.
La question demeure toutefois de savoir si ces initiatives, moins médiatisées et moins financées que les programmes USAID, pourront générer un impact comparable en termes de formation et de mobilité pour les étudiants tunisiens. Avec plus de 630 bénéficiaires depuis 2013 pour le seul programme TJSP, le défi reste de taille pour ces collaborations universitaires alternatives.
Ce partenariat avec le Wyoming illustre ainsi la nécessité pour la Tunisie de développer des stratégies de coopération internationale plus résilientes, moins dépendantes des fluctuations politiques américaines et davantage ancrées dans des intérêts partagés à long terme.
Rappelons que le partenariat entre la Tunisie et le Wyoming, initié en 2004 dans le cadre d’un programme du Département américain de la Défense, a commencé par une coopération militaire qui a permis de renforcer les capacités tunisiennes en matière de gestion des crises et de lutte contre le terrorisme.
Cette alliance a notamment amélioré l’utilisation des avions C-130 pour les opérations militaires et humanitaires. Sur le plan économique, des projets innovants émergent comme l’importation de viande du Wyoming pour transformation en Tunisie avant réexportation vers l’Europe. Le secteur touristique pourrait également bénéficier de l’expertise américaine pour développer une offre plus diversifiée.
Cependant, les récentes décisions de l’administration Trump, notamment le gel de l’aide étrangère et la fermeture de l’USAID, menacent cette coopération de 20 ans. Si le volet militaire pourrait être maintenu pour des raisons stratégiques, les aspects économiques risquent d’être affectés par ces nouvelles orientations politiques.