Près de quatre mois se sont écoulés depuis l’annonce présidentielle ayant gelé le parlement, limogé le chef du gouvernement et imposé des dispositions exceptionnelles. Depuis, qu’est ce qui a changé ?
En annonçant ces dispositions exceptionnelles, le chef de l’Etat Kais Saied a promis un renouveau dans tout le pays notamment sur les plans, politique, social et au niveau de la lutte contre la corruption.
Quatre mois ont été suffisants au président de la République pour développer sa vision des choses et mettre en place ses politiques, en dépit d’une féroce opposition menée notamment par le parti Ennahdha.
Quatre mois après, il est temps de faire le bilan de cette mouvance du 25 juillet.
Sur le plan politique
La seule avancée notable, n’est autre que la mise en place d’un gouvernement conduit pour la première fois par une femme. Ce gouvernement mis en place sur la base de la lutte contre la corruption fait face à d’énormes défis politiques et notamment économiques et est appelé à gérer une situation conflictuelle à tous les niveaux.
Le dialogue national auquel fait allusion le président de la République est toujours à la traîne. Si le chef de l’Etat prône un nouveau concept qui répond aux aspirations des jeunes tunisiens, l’Union générale tunisienne du travail s’y oppose et veut un dialogue impliquant tous les protagonistes.
Toujours sur le plan politique, Kais Saied marque une rupture avec pratiquement tous les partis politiques et se contente d’apparitions médiatiques pour se faire entendre directement auprès d’opinion publique.
Sur le plan économique
La Tunisie est dos au mur ! Le pays connaît une situation extrêmement grave au point que l’Etat est dans l’incapacité de boucler son budget pour l’année courante. D’ailleurs, le chef de l’Etat a sollicité l’aide et la contribution des Tunisiens pour renflouer les caisses de l’Etat.
La dégradation de la note souveraine de la Tunisie a enfoncé le clou. Si le président de la République n’y est pour rien, ses déclarations hostiles aux agences de notation ne servent en rien la Tunisie, s’accordent les observateurs de la scène nationale et les économistes.
En tout cas, la récente reprise des négociations avec le FMI est considérée comme une lueur d’espoir. La Tunisie espère accéder à une ligne de crédit de 4 milliards de dinars pour pouvoir réformer son économie.
Sur le plan social
Depuis le 25 juillet, l’euphorie se transforme progressivement en inquiétude. Et pour cause, on relève une nette détérioration de la situation sociale.
La crise de Sfax n’est qu’un indicateur de ce constat, d’autant plus que les Tunisiens font face à une flambée des prix alors que Kais Saied avait promis de faire face à toute forme de monopole et de spéculation.
Lutte contre la corruption
Ces derniers temps, plusieurs affaires de justice, des arrestations, des poursuites et des campagnes anti-corruption ont été opérées.
En effet, dans les différentes régions, plusieurs dossiers de corruption ont été ouverts, des députés accusés de corruption arrêtés, et des responsables incarcérés.