En décidant de geler les travaux du Parlement, de lever l’immunité de tous les députés, de limoger le Chef du gouvernement Hichem Mechichi et de prendre en main le pourvoir exécutif, conformément aux dispositions de l’article 80 de la Constitution, le président de la République Kais Saied s’est attiré les foudres de certains partis, d’autres ont pris une posture d’attente alors que d’autres ont choisi de se ranger à ses côtés.
Un putsch, selon Ennahdha
La première réaction attendue a été celle d’Ennahdha. Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi a qualifié les décisions du président de la République de « putsch contre la révolution et la Constitution », assurant que les partisans d’Ennahdha et le peuple tunisien vont défendre la révolution.
« Ce qu’a fait Kaïs Saied est un coup d’Etat contre la révolution et la constitution », a estimé le mouvement dans un communiqué. Pour sa part le vice-président du mouvement, Ali Laârayedh, a condamné « un coup d’Etat » contre la révolution.
Al-Karama et Qalb Tounes s’alignent sur Ennahdha
Idem pour la Coaltion Al-Karama qui a dénoncé, à travers une déclaration de Seïfeddine Makhlouf les décisions du président de la République, les considérant comme un putsch. Il a également appelé les députés à déposer t une motion de censure contre le président pour le destituer.
Qalb Tounes s’est aligné sur Ennahdha et a condamné les décisions prises par Kais Saied, estimant que que les décisions du président de la République sont une violation de la Constitution, tout comme le Parti des Travailleurs qui parle de coup d’Etat. Le parti a notamment critiqué la décision de Kais Saied d’impliquer l’armée et ses ambitions de monopoliser les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif.
Les dribbles d’Attayar
De son côté, le Courant démocrate (Attayar) a officiellement exprimé son désaccord avec l’interprétation du président de la République de l’article 80 de la constitution et rejeté les décisions prises par Kais Saied. Toutefois, Attayar n’évoque pas clairement un coup d’Etat.
Le « oui » de Tahya Tounes
Quant au parti Tahya Tounes, il a appelé, dans un communiqué, à établir une feuille de route claire pour la réforme de tout le système politique (régime, loi électorale et la loi sur l’organisation des partis) qui doit faire l’unanimité chez toutes les forces politiques et démocratiques et la création d’un gouvernement de salut national qui aura pour objectifs, faire face à la crise sanitaire et rassurer les partenaires étrangers de la Tunisie.
Tahya a également appelé le chef de l’Etat à présenter des garanties claires et un calendrier, susceptibles de protéger la République et la démocratie et d’assurer la mise en place des institutions.
« Rectifier le cours de la Révolution »
Le Mouvement Echaab, quant à lui, a estimé que le président de la République a agi selon sa responsabilité dans le cadre de la loi et de la Constitution afin de préserver l’intégrité, la sécurité et l’indépendance du pays.
Dans un communiqué publié ce lundi 26 juillet 2021, le parti a exprimé son soutien aux décisions de Kais Saied concernant le limogeage du Chef du gouvernement, du gel des travaux du parlement pour une période de 30 jours, de la levée de l’immunité parlementaire pour tous les députés, et de son accession au pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dirigé par un premier ministre nommé par le Président de la République.
Il s’agit, selon Echaab, d’un moyen de rectifier le cours de la Révolution, « violée par les forces anti-révolutionnaires, en particulier le Mouvement Ennahdha et l’ensemble du système au pouvoir ».
Le Courant populaire a exprimé, de son côté, son soutien aux décisions prises par Kais Saied.
Afek Tounes évite de se « mouiller »
De son côté, Afek Tounes ne s’est pas mouillé, estimant, dans un communiqué, que « le système au pouvoir composé du mouvement Ennahdha et de ses alliés est responsable de la détérioration des conditions politiques, économiques et sociales du pays et a contribué à aggraver les tensions et la colère populaire ».
Afek Tounes a dénoncé la lenteur dans la mise en place des institutions constitutionnelles et l’entrave de la voie démocratique et transitionnelle, qui ont conduit à une démocratie factice et boiteuse et appelé le président de la République, les forces politiques et la société civile à se mobiliser pour préserver les acquis de la révolution.
Aucune réaction du PDL
Alors que presque tous les grands partis politiques ont exprimé leurs réactions quant à la dernière annonce présidentielle, le Parti Destourien Libre a choisi de temporiser.
En effet, aucun communiqué officiel n’a été publié, les leaders du parti ont également préféré opter pour le silence. D’habitude Abir Moussi est hautement active sur les réseaux sociaux, sauf que durant ces évènements elle n’a fait aucune apparition médiatique jusque-là.