En moins de 24 heures, 4 mois de prison ferme contre trois Femen européennes et 2 ans de prison ferme contre le rappeur Weld El 15. En quelques heures, la Tunisie et sa Justice se sont illustrées d’une manière qui n’a pas manqué d’enflammer les réseaux sociaux et attirer les critiques des médias étrangers.
Sur twitter, par exemple, les messages de désolation à cette nouvelle forme de muselage de la liberté d’expression sont vus comme une trahison aux jeunes qui se sont battus pour la révolution.
De leur côté, les médias étrangers, pointent les verdicts sévères et se posent même des questions sur l’indépendance de la justice. Hier soir, Nouvel Obs a titré : «Un rappeur condamné en Tunisie : le verdict semblait déjà prévu».
Et que ce soit sur les réseaux sociaux, médias ou sur les plateaux télévisés, la comparaison avec le verdict des 2 ans de sursis des vingt salafistes qui ont attaqué l’ambassade des États-Unis à Tunis, le 14 septembre 2012, est devenue l’argument, la preuve, du moins pour une bonne majorité, d’une justice tunisienne obéissante à une pression politique dictée par les Américains.
Surtout après l’annonce, hier, jeudi 13 juin, de la Sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques Wendy Sherman, réaffirmant le soutien de son pays au processus de transition démocratique en Tunisie. « Ce processus constitue un modèle dans la région, d’autant que la Tunisie a réussi à mettre en place une feuille de route claire pour les principales échéances politiques », a déclaré Wendy lors de son entretien avec le président provisoire Moncef Marzouki, à Tunis, rapporte l’agence TAP.
Pour les ‘beaux yeux’ des djihadistes
Un discours qui vient quelques semaines après celui annoncé par l’ambassade US à Tunis, au sujet des vingt salafistes et le verdict à leur encontre « jugé » clément. Le message de l’ambassade, qui avait exprimé sa «profonde inquiétude», avait surpris. Et pour ceux qui espéraient une nouvelle prise de position américaine contre Ennahdha, Nadhir Ben Ammou, ministre de la Justice a pris les devants en déclarant «ne pas voir d’ingérence et que la note de l’ambassade US relève de l’expression d’une opinion».
Pour plusieurs, il n’y a plus de doute. Il est impératif de ne pas déranger les salafistes et les djihadistes. L’enjeu dépasse la sécurité du pays ou de la région de l’Afrique du Nord. L’enjeu est que les djihadistes sont amenés à participer au combat aux côtés des rebelles syriens, dans cet échiquier international contre l’axe Hezbollah-Syrie-Iran. Pour rappel, près de 1000 Tunisiens ont rejoint les rangs de l’opposition armée au régime de Bachar Al-Assad auxquels il faut ajouter 2000 djihadistes venus d’Europe.
Le soutien des djihadiste à l’Amérique et ses alliés, est ainsi devenu sans appel. Si, avant l’opposition syrienne s’approvisionnait indirectement des Etats-Unis, via l’Arabie Saoudite et le Qatar, hier, jeudi 13 juin, Barack Obama, a décidé d’apporter «une assistance militaire directe aux rebelles syriens».