Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi encadrant l’usage des chèques en Tunisie, les commerçants ont dû s’adapter rapidement pour préserver leur activité tout en limitant les risques.
Lors de la dernière Foire du meuble au Kram à Tunis, nous avons rencontré plusieurs commerçants qui nous ont fait part des solutions qu’ils ont mises en place pour compenser l’impossibilité de recourir aux chèques comme moyen de paiement différé.
Jusqu’à récemment, le chèque constituait un outil privilégié pour le paiement différé, notamment dans les secteurs où les achats impliquent des montants conséquents, comme l’ameublement ou l’électroménager. Mais avec les nouvelles restrictions légales accrues des chèques, les commerçants ont dû trouver des alternatives fiables.
En effet, un grand nombre de commerçants, notamment ceux spécialisés dans la vente de meubles et d’électroménager, exigent désormais une cession sur salaire signée par l’acheteur et validée par son employeur. Cette garantie permet au vendeur de récupérer son dû directement auprès de l’entreprise du client, minimisant ainsi les risques de non-paiement. Mais dans ce cas plusieurs conditions sont requises comme notamment le fait d’être titulaire.
De même, certains commerçants offrent la possibilité d’échelonner les paiements par virement bancaire ou espèces, souvent sur une période de six à douze mois, avec un engagement contractuel de l’acheteur. Cette méthode reste flexible tout en offrant une meilleure sécurité financière aux vendeurs.
Mais face aux incertitudes liées aux paiements différés, ces enseignes ont décidé de n’effectuer la livraison qu’une fois l’ensemble du montant réglé. Cela marque un changement important dans les habitudes d’achat, obligeant les consommateurs à planifier différemment leurs dépenses.
On note aussi que certains commerçants proposent désormais aux clients d’effectuer leurs paiements via des traites bancaires. Ce mécanisme permet un engagement formel entre le client et la banque, offrant une garantie supplémentaire au vendeur tout en permettant un échelonnement du règlement.
Un impact sur les consommateurs et le marché
Ces nouvelles pratiques bouleversent les habitudes des consommateurs, qui doivent désormais composer avec des exigences plus strictes en matière de paiement.
Si certains regrettent la flexibilité qu’offraient les chèques, d’autres y voient une opportunité d’adopter des pratiques financières plus responsables.
Pour les commerçants, ces changements impliquent une adaptation rapide de leurs procédures de vente. Certains estiment que ces nouvelles pratiques renforceront la solidité du marché en réduisant les impayés, tandis que d’autres redoutent une baisse des ventes, en particulier dans les segments où le pouvoir d’achat est limité.
Avec cette transition, le paysage commercial tunisien se transforme. La digitalisation croissante des paiements et l’émergence de nouvelles solutions financières, telles que le Buy Now, Pay Later (BNPL), pourraient également s’imposer comme des alternatives viables à l’avenir.
L’expérience des commerçants rencontrés lors de la Foire du meuble au Kram illustre bien cette phase de mutation. Entre prudence et innovation, les acteurs du marché cherchent à maintenir un équilibre entre accessibilité et sécurité financière.