Les discussions autour du projet de loi de finances 2026 ont mis en lumière une nouvelle fois les difficultés structurelles du secteur automobile tunisien, notamment en matière de fiscalité.
Des industriels du secteur automobile ont été entendus le 14 novembre 2025 lors d’une réunion conjointe des Commissions des finances et du budget de l’Assemblée des représentants du peuple et du Conseil national des régions, consacrée à l’examen du projet de loi de finances 2026. Ils y ont dénoncé une fiscalité jugée trop lourde et défavorable au développement du montage automobile en Tunisie.
La séance du 14 novembre s’inscrivait dans un cycle d’auditions élargi, durant lequel les députés ont également entendu des représentants de la Chambre nationale des experts-comptables, de l’Institut tunisien des experts-comptables, de la Fédération nationale des radios privées, de SOS Villages d’Enfants et de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurances.
Une fiscalité qui pénalise l’assemblage local
Les industriels ont indiqué que les voitures assemblées localement restent soumises à plusieurs niveaux de taxation :
- droits de douane sur les composants importés,
- droit de consommation,
- TVA.
À l’inverse, les véhicules importés “prêts à l’usage” par les concessionnaires ne sont pas assujettis aux droits de douane, le droit de consommation étant calculé uniquement sur le prix d’arrivée au port.
Cette différence de traitement fiscal, estiment-ils, désavantage clairement la production locale et limite les perspectives de développement d’une filière nationale.
Les professionnels ont proposé :
- l’exonération douanière des composants destinés au montage,
- la réduction de la TVA à 7%,
- une politique encourageant l’augmentation du taux d’intégration tunisien.
De leur côté, les députés ont estimé que le renforcement de l’autonomie industrielle du pays passe par un soutien accru à la production locale. Ils ont interrogé les industriels sur leur capacité de production, le taux d’intégration des composants, le volume des investissements et les perspectives de développement du secteur. Les parlementaires ont également appelé à une stratégie nationale permettant, à terme, l’émergence d’une véritable filière automobile tunisienne.
Une reprise du marché malgré la hausse des prix
Le 16 novembre 2025, Anouar Ben Ammar, directeur général d’une agence automobile, a présenté, sur les ondes de Mosaïque FM, des indicateurs confirmant la reprise du secteur.
Il a annoncé que 70.000 véhicules ont été immatriculés fin septembre 2025, dont 47.300 voitures neuves, contre 57.000 immatriculations à la même période en 2024.
Cependant, cette dynamique reste limitée par la pression fiscale :
« Pour une voiture de 100.000 dinars, 50.000 dinars correspondent à des taxes », a-t-il indiqué.
Selon lui, près de la moitié du prix d’un véhicule neuf est absorbée par la fiscalité, un niveau qui pèse fortement sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
Le régime FCR, facteur de déséquilibre
Ben Ammar a également relevé la hausse des importations de voitures d’occasion sous le régime FCR, réservé aux Tunisiens résidant à l’étranger.
Ce dispositif, fiscalement plus avantageux, attire une part croissante d’acheteurs et crée, selon les concessionnaires, une distorsion de concurrence avec les véhicules importés ou assemblés localement.
Une révision nécessaire du cadre fiscal
Les déclarations du 14 et du 16 novembre mettent en lumière les mêmes tensions : la fiscalité actuelle freine l’accès à la voiture neuve, pèse sur les professionnels et handicape le développement du montage local.
Les acteurs du secteur appellent à une révision du cadre fiscal afin de :
- réduire les taxes,
- soutenir l’assemblage tunisien,
- rétablir un équilibre entre les différents circuits d’importation,
- stabiliser durablement le marché.
Aucune mesure n’a pour l’instant été annoncée dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2026.
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