Les exportations tunisiennes d’énergie ont reculé de 34% à fin septembre 2025, selon une note de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE). L’organisation tire la sonnette d’alarme sur une crise énergétique structurelle, marquée par l’effondrement de la production nationale de pétrole et de gaz, et une dépendance croissante aux importations.
Un effondrement de la production nationale
La note intitulée « Importations : les dessous d’un trend contrasté » dresse un constat préoccupant : la production quotidienne de pétrole est passée de 77 000 barils en 2010 à seulement 27 000 barils en 2025. Cette chute drastique traduit, selon l’IACE, « une dégradation pluriannuelle et continue » du secteur.
L’institut souligne que même les espoirs placés dans le champ gazier de Nawara, longtemps présenté comme une bouffée d’oxygène pour l’économie tunisienne, se sont « bien volatilisés ». Les chiffres le confirment : la production de pétrole de Nawara a reculé de 47%, passant de 54,2 Ktep à fin août 2024 à 28,7 Ktep en août 2025. La production de gaz naturel a elle aussi chuté de 25%, pour s’établir à 169 Ktep.
Un déficit commercial énergétique toujours lourd
Cette paralysie du secteur continue de peser lourdement sur le déficit commercial, dont la part liée à l’énergie représente désormais 48%. Sans la baisse des cours mondiaux, la situation aurait été encore plus critique. En effet, le prix moyen du baril de pétrole a diminué de 84 dollars à 72 dollars entre juin 2024 et juin 2025, soit une baisse de 15%, atténuant partiellement la facture énergétique.
Grâce à cet essoufflement des prix, les importations de produits énergétiques ont légèrement reculé de 11,8% à fin septembre 2025, alors qu’elles avaient bondi de 14,5% sur la même période un an plus tôt.
Une alerte sur la dépendance énergétique du pays
Pour l’IACE, ces indicateurs traduisent une crise systémique : chute des capacités de production, sous-investissement dans la prospection, lenteur des réformes et désengagement progressif des investisseurs étrangers. L’institut estime qu’un nouveau modèle énergétique s’impose, fondé sur la diversification des sources et le développement des énergies renouvelables.
« Sans une refonte profonde de la gouvernance du secteur, la Tunisie continuera à importer la majorité de ses besoins énergétiques », avertit le rapport.
Lire aussi
- Énergie : Tunisie vise 50 % de renouvelables d’ici 2035 pour combler un déficit de 60 %
- Hydrocarbures : Dix nouveaux puits prévus à El Borma d’ici 2030 pour relancer la production
- Tunisie : Baisse de 3% du déficit de la balance commerciale énergétique
- Tunisie : L’indépendance énergétique recule à 36%
- La Tunisie face à son plus grand défi : l’énergie de demain