La croissance économique de la Tunisie devrait connaître une légère amélioration entre 2025 et 2027, à condition que les épisodes de sécheresse s’atténuent, alerte la Banque mondiale (BM) dans son bulletin de conjoncture économique de printemps consacré au pays. L’institution souligne toutefois que les risques pesant sur cette reprise restent nombreux et importants.
Dans ses dernières prévisions régionales publiées en avril, la BM tablait sur une croissance de 1,9 % pour la Tunisie en 2025. Mais cette projection demeure conditionnée par deux facteurs majeurs : une reprise progressive des précipitations et un redémarrage du secteur manufacturier, encore à la peine.
Dans ce nouveau rapport intitulé « Une meilleure connectivité pour la croissance », la Banque mondiale précise que l’amélioration des pluies et la remontée du niveau des barrages devraient permettre à l’agriculture de surmonter les lourdes pertes subies en 2023. Un redressement du secteur agricole est donc jugé crucial pour soutenir l’activité économique globale.
Cependant, d’autres menaces pèsent sur la conjoncture : le ralentissement du commerce mondial, notamment la baisse de la demande dans l’Union européenne – principal partenaire commercial de la Tunisie – pourrait affecter les exportations, et donc la dynamique de croissance.
Le secteur manufacturier, déjà affaibli, devrait selon la BM afficher une croissance encore négative en 2025, ce qui ralentirait également les services, en raison des interdépendances sectorielles.
À moyen terme, la croissance tunisienne devrait se stabiliser autour de 1,6 à 1,7 % entre 2026 et 2027, estime la Banque mondiale. Mais cette trajectoire reste soumise à des risques importants : les incertitudes climatiques, la volatilité du commerce international et les difficultés d’accès au financement extérieur pourraient entraver la reprise.
En particulier, l’insuffisance de financements en devises risque de renforcer les tensions sur le taux de change et sur les prix, avec un impact négatif sur l’économie réelle et l’emploi.
Pour inverser cette tendance fragile, la Banque mondiale appelle les autorités tunisiennes à engager sans tarder des réformes structurelles. Parmi les priorités : le renforcement de la discipline budgétaire, la modernisation des entreprises publiques et la promotion d’un environnement plus concurrentiel.