La chambre criminelle du tribunal de première instance de l’Ariana a rendu, tard dans la nuit de jeudi à vendredi, son jugement dans l’affaire dite de la « Chambre noire » du ministère de l’Intérieur.
Elle a condamné huit accusés, dont d’anciens hauts responsables sécuritaires, à huit ans de prison chacun, avec exécution immédiate des peines pour trois d’entre eux actuellement en fuite, a indiqué une source judiciaire à l’Agence TAP.
Yassine Ben Marzouk, premier substitut du procureur de la République et porte-parole du tribunal, a précisé vendredi matin à l’agence TAP que les chefs d’inculpation retenus portent sur : « Détournement, destruction, dissimulation ou altération de pièces à conviction, de documents de procédure pénale, de registres, ou d’objets entreposés dans des dépôts publics ou confiés à des agents de l’autorité publique par des personnes habilitées. »
Les huit personnes condamnées sont : Atef Omrani, Boubaker Laabidi, Mohamed Friji, Kais Bessifi, Sami Waz, ainsi que trois autres en fuite : Mustapha Khedher, Abdelaziz Daghssni et Ridha Barouni. Parmi eux figurent d’anciens cadres sécuritaires, dont un ancien directeur de l’unité de lutte antiterroriste et un ancien directeur des services spécialisés.
L’enquête sur la « Chambre noire » avait été ouverte par le premier juge d’instruction du tribunal de l’Ariana, après la découverte d’un grand nombre de documents dissimulés dans un bureau fermé du ministère de l’Intérieur.
Le « Comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi » avait présenté des documents impliquant un certain Mustapha Khedher, affirmant qu’il avait des liens avec le mouvement Ennahdha et menait des activités à caractère renseignement.
Selon ce comité, une partie de ces documents, retrouvés en décembre 2013 au domicile de Khedher (déjà condamné à huit ans de prison), seraient toujours conservés dans ce qu’ils ont appelé la « Chambre noire » du ministère. Le comité réclame l’ouverture de cette pièce et l’accès aux documents qu’elle contient.
Il insiste sur la nécessité pour le ministère de l’Intérieur de lever la confidentialité sur les documents de cette chambre, liés selon lui aux assassinats de Belaïd et Brahmi, et de cesser la protection du « dispositif clandestin » impliqué dans ces assassinats.