Entre le pour, le contre et la confusion, les positions des Tunisiens s’avèrent très partagées. Le spectre de la divergence s’est visiblement élargi sur les réseaux sociaux, là où on a pu recueillir des points de vue traitant l’affaire sous des angles différents.
Un refus bien argumenté
Selon les interactions et les publications observées sur facebook, une majorité d’internautes refuse l’état d’urgence décrété par le président de la République. Parmi eux, Hamed pense que c’est l’un des moyens d’oppression auquel l’Etat a recours contre les opposants.
Quant à Elhaj, il publie simplement l’article 80 de la Constitution étayant l’état d’urgence et expliquant le mode de son application. Il indique ensuite que l’état d’urgence en ce moment est un processus sans raison valable dont le but est de stabiliser le gouvernement d’une part et de criminaliser, selon les lois actuelles, les mouvements populaires protestataires et les grèves ouvrières.
Badii voit, quant à lui, que la décision aurait été bonne si elle avait été prise d’une manière objective, cependant, il estime que pour Béji Caid Essebsi, il s’agit simplement de couper court devant ceux qui revendiquent la dissolution du gouvernement. Il ajoute que la décision est peut-être efficace du coté sécuritaire mais reste suspecte et laisse des questions en suspend.
Des personnalités disent « non »
Des politiciens expriment aussi leur refus à l’égard de la décision de l’état d’urgence, citons le porte-parole du front populaire, Hamma Hammami, qui refuse l’état d’urgence. Selon un communiqué du Front populaire, qu’il s’agit d’une entrave aux libertés fondamentales des citoyens et leur droit de protester et de s’organiser. Le Front juge que c’est une décision infondée.
Naziha Rjiba, qui ne donne pas de position ferme, indique qu’elle n’a pas refusé l’état d’urgence dans l’absolu, il faudrait, selon elle, comprendre les raisons réelles derrière cette décision et rester objectif en pesant le pour et le contre car le terrorisme vise, entre autres à opprimer les libertés. Elle ajoute qu’on devrait adapter l’état d’urgence avec les circonstances actuelles et ne pas prendre une telle décision pour camoufler l’incapacité de gérer la situation.
Quant à Kalthoum Kanou, s’adressant à Béji Caid Essebsi, dans l’un de ses statuts lui reproche qu’il ne fallait pas véhiculer un message pareil qui va encourager les terroristes à aller de l’avant. Elle ajoute « vous ne nous avez pas convaincus par l’obligation qui vous a poussée à décréter l’état d’urgence ».
L’état d’urgence, garant des libertés ?
Mais il y a aussi ceux qui sont pour l’état d’urgence. Hamza voit tout simplement que c’est une mesure sécuritaire qui doit être prise. Makki Helal, un journaliste de la BBC, s’étonne de son côté des gens qui ont peur pour leurs libertés mais ne craignent pas pour que leurs libertés soient menacées par Daech.
Ramzi Jebali, avocat s’adresse à ceux qui revendiquent le droit syndical et les libertés disant qu’à la base on se comporte mal avec nos libertés et qu’on n’en a recueilli que des dégâts. Selon lui, les seuls qui ont profité de la marge de liberté sont les ennemis de la liberté.
Mouna était également pour disant qu’« il ne reste plus de solution pour sauver la situation ». Khaled, qui est du même avis ajoute que cela ne fait rien de sacrifier ses libertés si c’est pour le bien du pays et que le terrorisme ne sera battu qu’avec des solutions extrêmes.
Afef Toumi