À peine sortie de la crise des médecins internes, la Tunisie fait face à une nouvelle vague de contestations dans le secteur de la santé. Le ministère de la Santé a annoncé, le 9 janvier 2025, un accord historique avec l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), doublant le nombre de médecins internes à 200 pour les hôpitaux universitaires. Cette résolution, marquant la fin de deux mois de boycott des centres de stage, prévoit également le recrutement sous contrat d’un an de médecins recalés au concours de spécialité.
Cependant, cette éclaircie masque mal l’arrivée d’une nouvelle tempête. La Fédération Générale de la Santé a annoncé une grève pour le 23 janvier, impliquant les centres de dialyse, les pharmacies privées et les sociétés de distribution de médicaments. En cause : des salaires gelés depuis 2018, malgré des revalorisations dans le secteur public entre 2022 et 2024.
La crise touche particulièrement les centres de dialyse, qui traitent plus de 60 % des patients dialysés en Tunisie. Les déficits financiers croissants et l’exode des infirmiers spécialisés menacent les soins pour 12 000 patients. « Sans une révision urgente des tarifs, ces centres risquent la faillite », avertit aujourd’hui Hichem Boughanmi, membre de la Fédération, sur les ondes de Jawhara FM.
Le secteur pharmaceutique n’est pas épargné. Les pharmacies privées, confrontées à des marges réduites, voient leur personnel qualifié démissionner faute d’augmentations salariales. Une mobilisation massive est prévue, bien que les services vitaux soient maintenus.
Ces crises à répétition révèlent une fuite continue des compétences vers l’étranger ou le public, mettant en péril un système de santé déjà fragilisé. Alors que chaque conflit trouve une solution temporaire, le défi reste structurel : garantir un équilibre entre justice sociale et pérennité des soins pour tous les Tunisiens.