La baisse du taux directeur de 50 points de base décidée par la Banque centrale de Tunisie (BCT) ne convainc pas les experts. Pour Larbi Benbouhali, directeur dans une banque d’investissement en Australie, cette mesure reste purement symbolique face à l’ampleur de la crise économique.
Avec un taux de prêt au jour le jour à 8,5%, l’écart de 100 points de base avec le taux directeur reste anormalement élevé – contre seulement 25 points pour la BCE. Cette distorsion illustre l’inefficacité de la transmission monétaire en Tunisie.
Benbouhali appelle à un plan d’action à six volets : mobilisation de 8 milliards de dinars via les Sukuk selon l’article 11 de la LF 2025, baisse de l’impôt sur les sociétés à 20%, rachat des créances douteuses bancaires, soutien à la dette agricole, financement ciblé des entreprises publiques stratégiques, et amnistie fiscale pour intégrer l’économie informelle.
La BCT a certes évité l’excès de rigueur, mais sans accompagnement budgétaire, sa politique restera stérile. L’État doit soutenir cette orientation via des réformes profondes : rationalisation des subventions, restructuration des entreprises publiques et mobilisation de financements alternatifs.
Sans coordination entre politique monétaire et relance budgétaire, la Tunisie risque de glisser vers la stagflation, avec croissance molle et inflation persistante. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.